Melancholia
Réalisé par Lars von Trier 2011 (2h 10min)
Avec John Hurt, Kirsten Dunst, Charlotte
Gainsbourg
Débat : la fin de quel monde ?
Marie
Merci pour cette soirée si intéressante et plaisante. je serais volontiers inscrite sur votre liste d'invitation.
J'ai été ravie de partager ce film avec vous tous.
J'ai aimé nos échanges et les silences aussi
Je n'ai rien à dire ou plutôt tant à dire sur ce film, qui m'a une nouvelle fois bouleversée, que je ne m'étendrai pas.
Justine n'est pas folle, elle est en plein dans la vie.
Elle sait et ce qui fait sa force et sa fragilité.
Brigitte
Merci pour la découverte de ce lieu,de ce film qui ne laisse pas indifférent ,de ce partage.
En effet, j'ai continué ,à la façon de Michèle, à décortiquer les personnages et imaginer notre fin du monde sans mélancolie.
Avec du recul, je n'ai pas trouvé Justine si "folle",seulement une femme,le jour de son mariage avec ses doutes .Bien sûr , des excès, très amplifiés et qui donnent des "débordements" face aux bien-pensant. Et finalement c'est elle qui avait raison d'écouter son cœur, de "claquer" son patron ainsi car nous ne sommes "rien" que de la poussière sur cette terre .
Au regard de la physique quantique ,il ne nous reste plus qu'à nous tenir la main .
Bonne journée sur cette belle terre.
Alain
Elise
Merci à tous de ces échanges très riches, très intéressants. Moi, j'ai été marqué par l'ambiance en Huit Clos : on est embarqué dans cette propriété, avec ces personnages, sans avoir aucun lien avec l'extérieur (ou alors de manière anecdotique : les scientifiques dont parle le père par exemple). c'est un isolement impressionnant : pas de radio, pas de télé, pas internet, mais le téléphone : une fois seulement je crois. Alors qu'aujourd'hui, n'importe quel événement est relayé par les médias, là rien : ils sont seuls au monde face à la mort. Et c'est d'autant plus angoissant. (même les gens du village d'à coté, ils sont absents).
Je pourrais en dire encore beaucoup, mais je vais m'arrêter là...
Merci encore et à bientôt j'espère,
Alain
On a encore envie de parler et on s'arrête comme si quelque chose était contenu : c'est pour moi une définition de la poésie. Dans le film le monde (des gens) s'efface progressivement et l'univers se lève. C'est aussi la conclusion à laquelle je suis arrivé en regardant les artistes de l'art brut. Fous ou pas fous, dans leur délire ils se connectent avec l'univers. L'enjeu est de le faire partager (la cabane de branches).
J'avais hâte de partager ce film avec vous. Merci Michèle de nous l'avoir fait découvrir.
Michèle
Je dis juste une petite chose en passant, ils sont branchés sur internet. Claire ne peux pas imprimer totalement les infos au sujet de Melancholia parce qu'il y une coupure d'électricité. Léo parle de Melancholia à Justine, il lui montre la trajectoire sur l'écran de son ordinateur portable. Mais c'est vrai que le sentiment d'oppression vient aussi de cette situation d'isolement.
Ce matin, sur le chemin en allant au travail, j'ai vu une dame ramassant du petit bois. Moment fugace mais qui restera, je le sais, gravé dans ma mémoire. Je l'ai regardée. J'ai souri et je suis repartie, nez en l'air, le coeur content. Il y avait le bois, la nature, cette femme avec qui j'ai partagé quelque chose sans rien dire. il y avait le ciel que j'aime tellement. Rien à voir avec le film ?
Rien à voir avec les propos de Alain et la phrase de Martine ???
Hum; je suis loin d'en être convaincue !
Pour finir :
" Sors , Marche , Crève , Baise. Aime enfin les arbres, les bêtes et détourne-toi du conforme et de l'inconforme. Lâche ces notions, si ce sont des notions. Rien ne vaut la peine de rien" Léo Ferré
Michèle, qui nage confortablement dans l'inconfortable ! Ah , elle ne peut pas s'empêcher les pirouettes la belette !
Merci pour cette soirée si intéressante et plaisante. je serais volontiers inscrite sur votre liste d'invitation.
Michèle
J'ai été ravie de partager ce film avec vous tous.
J'ai aimé nos échanges et les silences aussi
Je n'ai rien à dire ou plutôt tant à dire sur ce film, qui m'a une nouvelle fois bouleversée, que je ne m'étendrai pas.
Justine n'est pas folle, elle est en plein dans la vie.
Elle sait et ce qui fait sa force et sa fragilité.
Brigitte
Merci pour la découverte de ce lieu,de ce film qui ne laisse pas indifférent ,de ce partage.
En effet, j'ai continué ,à la façon de Michèle, à décortiquer les personnages et imaginer notre fin du monde sans mélancolie.
Avec du recul, je n'ai pas trouvé Justine si "folle",seulement une femme,le jour de son mariage avec ses doutes .Bien sûr , des excès, très amplifiés et qui donnent des "débordements" face aux bien-pensant. Et finalement c'est elle qui avait raison d'écouter son cœur, de "claquer" son patron ainsi car nous ne sommes "rien" que de la poussière sur cette terre .
Au regard de la physique quantique ,il ne nous reste plus qu'à nous tenir la main .
Bonne journée sur cette belle terre.
Alain
Melancholia n'est pas sans rapport avec la parole de
L'Ecclésiaste : "tout n'est que poussière etc" : dont j'ai appris il
n'y a pas longtemps qu'elle était très mal traduite. Elle ne serait pas une
condamnation morale de la vanité. Mais l'affirmation au contraire de
l'impermanence. Cette parole indique de nous rendre attentif à ce qui est -
plutôt qu'à le condamner parce que périssable.
On est pas obligé d'être d'accord avec le propos du film
(qui est je trouve assez "ouvert"). Une figure que j'ai aimé c'est
cette image de la danse de la mort, (des deux planètes : Terre et Melancolia).
Que Claire découvre (ironie) sur Internet. Et dont elle n'arrive pas à imprimer
sur papier l'image à cause d'une panne d'électricité. (une allégorie de la
vérité qui advient).
Autre chose : la première partie se situe clairement à notre
époque dans notre Monde. Alors que la deuxième notre Monde semble à l'approche
de la planète s'effacer avant même qu'il ne disparaisse). Quelqu'un (Pierrette
je crois), a noté l’effacement des couleurs puis leur retour au moment de la
fusion finale. Ce retour de la couleur on peut peut-être lui donné
effectivement le sens d'une espérance. Un univers possible au-delà du Monde.
A propos de l'expression de ton expression "décortiquer
un film " :
Nous ne décortiquons pas le film ou ses personnages après le
film : au contraire nous les épaississons, les remettons dans une complexité.
Notre but n'est pas de les rendre transparents mais de les approfondir. En même
temps que nous épaississons la perception, la sensation, l'émotion que nous
ressentons - ou le sens (et l’interrogation qui va avec) que nous donnons -
nous nous approfondissons nous-mêmes en le faisant . Formule magique : Le
partage que nous en faisons démultiplie cet approfondissement.
Martine
Film étrange et attachant.
2 destins de sœurs à qui ils ne restent que 2 jours à vivre
avant que la planète Melancholia ne réduise la Terre à néant. 2 jours, de
transformation radicale, pour l'une et l'autre. L'une vit dans le chaos,
habitée par un imaginaire dévorant, l'autre rigidifiée par la réalité, unies
néanmoins par l'amour d'un enfant, elles se rejoindront, en Vérite ET dans
l'Amour véritable avant le chaos planétaire. Oui, comme l'Ecclésiaste, "le
temps du présent est un don dont il faut jouir dans l'instant lorsque le passé
est déjà mort et que l'avenir n'est pas encore certain. Un instant qui devient
éternité. Tel est selon lui l'espace de l'homme" (D.Duigou, "vanité
des vanités". Allez à tantôt, carpe diem.
Elise
Merci à tous de ces échanges très riches, très intéressants. Moi, j'ai été marqué par l'ambiance en Huit Clos : on est embarqué dans cette propriété, avec ces personnages, sans avoir aucun lien avec l'extérieur (ou alors de manière anecdotique : les scientifiques dont parle le père par exemple). c'est un isolement impressionnant : pas de radio, pas de télé, pas internet, mais le téléphone : une fois seulement je crois. Alors qu'aujourd'hui, n'importe quel événement est relayé par les médias, là rien : ils sont seuls au monde face à la mort. Et c'est d'autant plus angoissant. (même les gens du village d'à coté, ils sont absents).
Je pourrais en dire encore beaucoup, mais je vais m'arrêter là...
Merci encore et à bientôt j'espère,
Alain
On a encore envie de parler et on s'arrête comme si quelque chose était contenu : c'est pour moi une définition de la poésie. Dans le film le monde (des gens) s'efface progressivement et l'univers se lève. C'est aussi la conclusion à laquelle je suis arrivé en regardant les artistes de l'art brut. Fous ou pas fous, dans leur délire ils se connectent avec l'univers. L'enjeu est de le faire partager (la cabane de branches).
J'avais hâte de partager ce film avec vous. Merci Michèle de nous l'avoir fait découvrir.
Michèle
Je dis juste une petite chose en passant, ils sont branchés sur internet. Claire ne peux pas imprimer totalement les infos au sujet de Melancholia parce qu'il y une coupure d'électricité. Léo parle de Melancholia à Justine, il lui montre la trajectoire sur l'écran de son ordinateur portable. Mais c'est vrai que le sentiment d'oppression vient aussi de cette situation d'isolement.
Ce matin, sur le chemin en allant au travail, j'ai vu une dame ramassant du petit bois. Moment fugace mais qui restera, je le sais, gravé dans ma mémoire. Je l'ai regardée. J'ai souri et je suis repartie, nez en l'air, le coeur content. Il y avait le bois, la nature, cette femme avec qui j'ai partagé quelque chose sans rien dire. il y avait le ciel que j'aime tellement. Rien à voir avec le film ?
Rien à voir avec les propos de Alain et la phrase de Martine ???
Hum; je suis loin d'en être convaincue !
Pour finir :
" Sors , Marche , Crève , Baise. Aime enfin les arbres, les bêtes et détourne-toi du conforme et de l'inconforme. Lâche ces notions, si ce sont des notions. Rien ne vaut la peine de rien" Léo Ferré
Michèle, qui nage confortablement dans l'inconfortable ! Ah , elle ne peut pas s'empêcher les pirouettes la belette !
Alain
J'aime beaucoup Ferré en tant que chanteur poète, moins en tant que maître - pour un anarchiste c'est contradictoire. La seule morale valable à mes yeux est celle des paradoxes. Melancolia nous place dans cette dimension du paradoxe : il nous le fait éprouver physiquement et spirituellement. - le vrai paradoxe est incarné. Par exemple celui-ci : si tout passe, la vie mérite-t-elle d'être vécue ? Si tout passe, rien n'a d'importance, "il n'y a plus rien" - d'où la dépression de Justine - elle qui fait de ce "rien" un slogan publicitaire face au monde du "marché" de la consommation). Et pourtant paradoxalement tout en a de l'importance : la moindre des choses justement.
Melancholia n'est pas sans rapport avec la
parole de L'Ecclésiaste : "tout n'est que poussière etc" : dont j'ai
appris il n'y a pas longtemps qu'elle était très mal traduite. Elle ne serait
pas une condamnation morale de la vanité. Mais l'affirmation au contraire de
l'impermanence. Cette parole indique de nous rendre attentif à ce qui est -
plutôt qu'à le condamner parce que périssable.
On est pas obligé d'être d'accord avec le
propos du film (qui est cependant assez "ouvert").
Une figure que j'ai aimée c'est cette image de la danse de la mort, celle des
deux planètes, Terre et Melancolia. Que Claire découvre (ironie) sur Internet.
Et dont elle n'arrive pas à imprimer sur papier l'image à cause d'une panne
d'électricité (une allégorie de la vérité qui n'advient que partielle de façon
semi-cachée et par raté- ).
Brigitte
Décidément un film qui m'inspire . Voici une
interprétation personnelle de ce fameux pont.
En premier, c'est Claire qui franchi ce
pont. Une Claire dans le contrôle, sur son cheval (d'ailleurs,il n'avait pas de
nom)et faisant qu'un avec elle .Sous total contrôle.Pas de place à l'instinct.
Puis Justine arrive avec son cheval Abraham (personnage biblique). Celui-ci refuse l'obstacle. Son instinct est là et lui
dit qu'en dehors de ce pont, il y a le village, les autres et les informations,
les peurs. La "sombritude" de la forêt.
L'extérieur du domaine est un monde hostile.
Comme l'extérieur de cette dynamique familiale, l'extérieur de soi .
La fois d'après, Justine se bat , frappe
son cheval , veut contrôler l'instinct. En vain.
Puis c'est au tour de Claire : refus de ce
passage vers l'autre et elle accède , à ce moment là à son instinct , sa
profondeur, ses peurs. Elle lâche le contrôle .
Sans
arrêt un chassé-croisé entre les deux monde : l'imaginaire , l'émotion pure et
le contrôle, la raison.
Un aller retour entre nos deux hémisphères!
Le pont n'est que le lien entre les deux. Plus basiquement, le lien avec
l'information, l'extérieur, les autres. Le lien est partiel et fragile : petit
père s'en va, l'imprimante ne fonctionne plus...
Alain
Dans Melancholia Justine délire mais elle
est extralucide. Ses rêves se réalisent, trouvent une correspondance dans le
réel.
Je reste avec ces 3 signifiants : un
paysage magnifique le long de la Loire le fleuve et l'espace puissants. Puis
Melancolia planète géante, s'approchant du film d'hier soir. Enfin un rêve :
celui d'un tsunami apocalyptique - la mer se retirait on voyait le fond. Une
vague géante s'est écrasée. Le monde a vacillé, nous n'avons pas péri. Une
digue géante nous protégeait dans les hauteurs. Les aux puissantes ont claqué :
On étaient muets, mouillés et en vie.
Ce qui m’impressionne dans ces images c'est
le gigantisme et la puissance des phénomènes, à côté desquels nous sommes des
fourmis.
Encore une image que j'ai bien aimée :
celle du pain de viande dont l'odeur semble ramener Justine à la vie, qui a
pourtant un goût de cendre.
Ces derniers temps j'ai remplacé la
métaphore par l'allégorie. Un mouvement irrésistible. Pourvu que la métaphore
revienne (l'invention, l'ouverture du sens et pas seulement la traduction
imagée du réel).
Peut-on résister au décors idéologique de
notre époque sans déni de réalité ?
Michèle
Je suis d'accord
avec Alain au sujet de Léo ferré. Le paradoxe est bien présent; il a été érigé
en tant que maître contre son gré et refusait de l'être. Mais c'est vrai,qu'il
a eu une période pendant laquelle il utilisait les injonctions, comme des mots
d'ordre. Ces injonctions, il était facile de les interpréter comme des mots
d'ordre effectivement mais il était aussi possible et facile de les prendre
comme des pistes de réflexion et j'aimais assez cet aspect-là. La confrontation
de ses points de vue etc avec les miens ; tout était ouvert et le reste à mon
avis.
Cette référence au
texte "Il n' y a plus rien" est issue des méandres de mes pensées et
à ce que le film évoque. Il n'y a plus rien, vraiment ? Ou bien il n'y a jamais
rien eu ? Qu'est-ce que la fin ? Que signifie " rien" ? Quel cet
abîme sublime dans lequel se plonge avec douleurs et délices Justine ? Est-ce
vraiment l'abîme ? ...
Michèle
Je reviens sur le
commentaire de Brigitte au sujet du pont car elle évoque «Petit père ». Je
rebondis sur l'isolement des personnages. Le château sur un promontoire, comme
une ancienne citadelle. Le golf de 18 trous, comme un labyrinthe. Le lac sans
ponton, sans bateau pour aller voir plus loin, ailleurs ; donc. Le château gigantesque
et sombre dans lequel on pourrait se perdre. Le village qui est sans substance,
juste un outil pour aller chercher de quoi se nourrir, de quoi se donner la
mort et où on a trouvé un domestique plein de bonne volonté surnommé
affectueusement " Petit père" mais dont personne ne s'est jamais
soucié de l'existence réelle en dehors du périmètre du château et de sa
fonction servile. Le seul jour où il ne vient pas, personne ne peut dire qui il
est véritablement, ce qu’est sa « vraie vie » et s'il a de la famille. Ce qui
me frappe ; c’est que c’est Justine ; celle qui est « hors la vie » qui apporte
la vie au sein du château et pour ses habitants. Par son mariage d’abord ; vu
le nombre des invités et par sa venue pendant sa dépression, car elle apporte comme
une diversion. Son neveu Léo l’appelle tante « Steelbreaker » pas "tante Justine". Étonnant, non ?
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