Après le baroque de "Faux-semblant", Philippe nous présente de la folie douce, une comédie québecoise, vos "chums" y sont par conséquent les bienvenus.
film de Jean-Marc Vallee 2006 |
C.R.A.Z.Y
Durée : 2h09
Résumé :
25 décembre 1960 : Zachary
Beaulieu vient au monde entre une mère aimante et un père un peu bourru
mais fier de ses garçons. C'est le début de C.R.A.Z.Y.,
le récit de la vie d'un petit garçon puis d'un jeune homme pas comme
les autres, qui va jusqu'à renier sa nature profonde pour attirer
l'attention de son père.
Commentaires des participants après la séance à Bottière.:
Marisol :
Merci pour cette belle projection j ai beaucoup aime et
aussi merci Philippe pour le choix du film et aux organisateurs.
Alain
Oui moi aussi j'ai bien aimé. J'avais quelques
préoccupations externes au départ qui m’empêchaient de rentrer dans le film. Et
puis il a fini par opérer son charme. Merci Philippe Encore !!!
Philippe
Je t'en prie Alain , je suis content de faire partager ce
genre de films qui n'ont pas une couverture médiatique importante. Tant mieux
si tu as beaucoup aimée Marisol.... A une prochaine séance, qui j'espère sera
aussi appréciée.
Martine
Complètement déstabilisée par le sujet du film ; je venais
me détendre avec l' a priori d'un film léger, drôle et sans préjugés, comme
savent le faire les canadiens.
La scène charnière (celle de l'enfant âgé 7 ans, surpris
"déguisé" par son père) m'a alertée ; et oui, je m'étais plantée...
je devais faire un effort d'adaptation.
Film sérieux et douloureux : un humain à la recherche de sa
Vérité et de son bonheur , sur fond d'oppression affichée ou larvée de tout
ordre. C'est à Jérusalem -symbolique du SOI, du Centre - qu'il SE rencontrera
puis reviendra au Canada ET se fera aimer des siens .. sans préjugés. Le tout
baigné dans les Pink Floyd (ouahhh!) et la belle voix de la chanteuse qui
interprète CRAZY, sans oublier "j'avais 20 ans" qui vient scander
immuablement les moments cruciaux de la famille.
Nous avons eu la chance d'avoir des jeunes dans la salle, je
croise les doigts qu'ile reviennent en nombre.
Merci Philippe pour tes choix de films.
Martine (l'ancêtre).
Michèle :
J'ai beaucoup aimé ce film mais, vous devez commencer à me
connaître, j'envisage toujours tout sous deux aspects différents ...peut-être
est-ce dû à mon signe astrologique gémeaux ?? Ou bien à une dualité issue de
mon enfance sans prise en charge psy ???
Ce film est noir malgré son humour dans la caricature qui
m'a fait beaucoup rire.
Je me suis endormie en pensant à Zach et aux difficultés de
devenir ce que l'on est vraiment.
J'ai pensé aux conformismes familiaux, si lourds à porter au
point qu'il faut parfois ruer dans les brancards ; fuir pour se trouver et
s'affirmer enfin.
Pour des raisons personnelles, le désert, la musique et les
affres de l'adolescence m'ont beaucoup touchée.
Le titre des Cure que j'aimais tant à l'époque est issu du
1er album " Three Imaginary Boys" sorti en 1979. Il y avait une
reprise de Hendrix ' Foxy Lady".
J'avais 23 ans et allais bientôt mettre au monde un garçon
et ça ne m'empêchait pas de sauter comme une dingue sur ce titre que je faisais
hurler..
Vous avez vu la fin " C.R.A.Z.Y " , ce que ça
signifie ?
J'ai énormément apprécié que de jeunes adultes soient avec
nous, vous l'avez peut-être remarqué . J'aimerais bien qu'ils reviennent aussi
et pourquoi pas, qu'ils nous proposent des films.
Merci Philippe, cher vélocinoque
Michèle
Alain
Mais le film en est aussi l'histoire des restes . C'est
l'avantage en avançant en âge d'avoir des restes plus beaux que ceux dont nous
héritons. C'est ce que nous montre ce film. Quoique je me sois interrogé sur le
consensus familial au final. Où tout le monde étant terrible il devient beau et
gentil.
Je suis okay avec l'idée de Michèle que c'est un film de genre.
Mais pas éculé. Qu'on y réfléchisse, qu'est ce qui fait la différence avec par
exemple" Radio days" de Woody allen, "Amarcord" de Fellini,
"Fanny et Alexandre" de Bergman ? Toto le héros de van dormael. Ou
encore plus proche de nous "Gosses de Tokyo" et les films de Ozu. Pas
seulement en moins, mais en plus, dans sa spécificité. Par exemple sur le
registre : l'ironie, la comédie, le drame. Et dans la mise en scène la façon
dont le trait est dessiné, le trait du caricaturiste.
Dans ces films la musique y est centrale. Souvent le chant.
Le personnage est masculin. Le regard est au final assez tendre et humaniste.
Mais quelquefois terrible ou acerbe. Le père est un personnage de clown
souvent, un pantin macho, maladroit et un peu brutal, riidicule. On y vit de
ruse, d'arrangement. Et en montre le délire du chef de famille comme du milieu
familial (ici le titre le dit). Souvent l'art, l'activité artistique y a sa
place.
Ce qui me paraît intéressant dans Crazy c'est l'histoire de
la mise à l'écart du personnage central par le reste de la famille, par la
fratrie et le père sauf la mère. C'est ce qui
lui donne l'air de rien et sous la dérision, sans doute une
dimension un peu tragique.
Martine :
Ah! mais
oui Alain. Je n'avais pas fait le rapprochement entre les goûts musicaux du
père et nos restes. Merci pour tes éclairages.
Michèle
Ce qui marque, c'est que la parole de Zac est inaudible.
D'ailleurs, il n'exprime pas; il ne peut pas parler, il est muet en quelque
sorte. Il soliloque, utilise la pensée magique. Même avec sa mère, la
conversation est silencieuse; ils communiquent en pensées ( elle qui se
réveille pour le pipi au lit à la colo ou qui s'asperge d'eau quand il se
déshydrate dans le désert).
Merci pour le rappel des titres qui m'échappaient hier. Je
pense du coup à "8 miles" avec Eminem et à " la famille
Tennenbaum".
Je pense que quel que soit le paysage; le milieu familial;
dans ce genre de film il y a toujours quelque chose qui nous touche, nous met
face à certaines expériences et certains souvenirs. Je pense à une constante :
la nourriture, les repas omniprésents dans ces films.. La scène des boulettes
de riz dans Ozu; d'autres repas chez Woody Allen...
j'ai cru voir hier que CRAZY était aussi les premières
lettres de chacun des noms des protagonistes, mais ai-je halluciné ? Ce qui
n'est pas impossible !
Alain
La belette est un animal observateur. Et Michèle aussi.
Dans l'ordre de leur âge il me semble :
C.hristian, R.aymond, A.ntoine, Z.achary, Y.van . Ce qui explique effectivement les Point entre les lettres du titres : initiales des prénoms des 5 enfants.
Que Zac soit muet pour un film qui laisse une part que j'ai
trouvée parfois pénible à la voix off est-ce un gag, un sketch ? plutôt une mise
en scène volontaire justement du silence. Et à part Antonioni et Bergman qui
sait mettre en scène le silence intérieur : la solitude l'isolement ? Jean-Marc
Vallee a trouvé une solution pour en "parler" de manière bruyante :
en musique, en voix off et en situations fantasmatiques. Cela en rend-il suffisamment
compte ? J'ai aimé cette inconsistance justement du personnage, comme un creux,
un défaut, même quand il s’affirme à la façon d'un simulacre (de macho,
d'hétéro, de charmeur, de beau mec, de star ou de timide, de faux-fils ou de
faux-frère, etc.. .
A la fois beaucoup trop et pas assez. En plein et en creux. Vais-je
trop loin. Nous ne l'avons vu qu'une fois..
Michèle
Pour
le mutisme de Zac; c'est peut-être un habile procédé tendant à montrer que dans
le tumulte et le brouhaha d'une famille nombreuse, il lui reste peu de place
pour une véritable expression au sens d'être et au sens de s'exprimer oralement
?
Ce
qui rejoindrait l'idée que le lieu idéal pour s'épanouir n'est pas le cercle
familial et les personnes idéales pour se confier ne sont ses ses membres les
plus proches. Va savoir ???
Bon,
pour l'observation au sujet de CRAZY, je suis rassurée; je peux retourner dans
les bois jouer à shotgun avec mes copains
Vincent
Vive
la différence!
Vincent
Elise
Un
film touchant, qui m'a marqué de part son thème : comment vivre la différence,
sa différence et celle des autres, de nos proches. Et puis, les réactions des
autres, le regard des autres... C'est pas facile et ça complique toujours la
vie. D'ou l'importance pour moi de ne jamais juger et de toujours essayer de
comprendre, essayer de regarder sans apriori... Je ne dis pas que c'est évident
: loin de là... mais j'essaie...
Et
puis, il y a autre chose qui m'a marqué : c'est la présence de la voiture :
dans les rapports père/fils, ou entre jeunes... Et la scène, qui revient à
plusieurs reprise je crois, du lavage de la voiture : je fait peut-être une
erreur, mais je ne pense pas qu'aujourd'hui l'on attache une aussi grande
importance à ce véhicule. Cela vient sans doute de l'époque...
Sinon,
pour moi, la famille c'est un abri, une protection, mais je suis d'accord,
Michèle, ce n'est certainement pas le lieu où l'on s'épanouit le mieux.
Un
grand merci à tous pour ces échanges très riches...
Merci
Philippe pour ce très beau film qui m'a fait passée du rire à l'inquiétude.
A
très bientôt à tous j'espère
Elise.
Alain
"Ce
qui me fait penser à ce poème de Verlaine, un barde de la différence, qui a eu
aussi quelques problèmes avec son orientation et sa vie avec les femmes.
"Je
suis venu, calme orphelin
Riche
de mes seuls yeux tranquilles,
Vers
les hommes des grandes villes :
Ils
ne m'ont pas trouvé malin.
A
vingt ans un trouble nouveau,
Sous
le nom d'amoureuses flammes,
M'a
fait trouver belles les femmes :
Elles
ne m'ont pas trouvé beau.
Bien
que sans patrie et sans roi
Et
très brave ne l'étant guère,
J'ai
voulu mourir à la guerre :
La
mort n'a pas voulu de moi.
Suis-je
né trop tôt ou trop tard ?
Qu'est-ce
que je fais en ce monde ?
Ô
vous tous, ma peine est profonde :
Priez
pour le pauvre Gaspard."
Philippe Je
suis très satisfait de vos réactions, ce film a touché, interpellé par tous les
thèmes abordés, je ne rajouterais rien à ce que vous avez dit mercredi soir ou
écrit aujourd'hui. Le réalisateur ne juge pas ses personnages, le film est ni
manichéen, ni moralisateur.
Je voudrais juste ajouter que l'interprétation est
exceptionnelle, et la B.O. indémodable "Floyd" "Stones"
"Bowie" et "Aznavour" entres autres. A une prochaine !
Elise
Non, bien sur, le film n'est pas moralisateur, c'est
surement aussi pour cela qu'il est si beau, si touchant. Mais je trouve que la
société actuelle, elle, l'est encore, beaucoup trop. Deux amies vivent une
différence : l'une est musulmane voilée et l'autre est homosexuel : et bien,
c'est un combat au quotidien : pour elles comme pour leur proches...Bon, je
m'égare, et je doit aller bosser Bonne journée à tous et à bientôt.
Martine :
Dernier commentaire de l'ancêtre du groupe : j'ai toujours
rêvé de vivre dans une famille nombreuse... Merci Philippe et les autres.
Commentaire du réalisateur :
"Comme j'approchais les 40 ans
et que je n'étais toujours pas satisfait, je me suis mis à écrire le
scénario dont je rêvais, pour me combler en tant qu'homme et cinéaste.
J'ai beaucoup pensé à Frank Capra et à son film "La vie est belle"
. Ils sont plutôt rares les films qui me procurent cette sensation de
bonheur intense, mais il y en a toujours quelques-uns, chaque année,
qui me rappellent aussi que c'est le genre de films que j'aimerais
faire, que je dois faire, ne serait-ce qu'une seule fois dans mon
humble carrière". Jean-Marc Vallee
Critique presse : ICI
ccès Maison de quartier Bottière :
salle "Projet" au rez-de-chaussée à gauche à l'entrée. (ouverture à 19h20)
(à l’angle de la rue du croissant et n°127 de la route de Ste Luce, on ne peux pas manquer le grand bâtiment en bois).
Bus ligne 11 Arrêt Bois Robillard
Tram ligne 1 Arrêt Souillarderie.
Contact renseignement : tel 02 51 13 67 15 ou 06 58 76 69 05
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