Notre sortie au cinéma du lundi 29 octobre à 19H35 : Dans la Maison


De François Ozon

Avec Fabrice Luchini, Ernst Umhauer, Kristin Scott Thomas...

Durée : 1h45



Résumé : Un garçon de 16 ans s'immisce dans la maison d'un élève de sa classe, et en fait le récit dans ses rédactions à son professeur de français. Ce dernier, face à cet élève doué et différent, reprend goût à l'enseignement, mais cette intrusion va déclencher une série d'événements incontrôlables....


Commentaires après la séance :

Elise : 
Ouah ! Un film à voir... Mais, comment dire, c'est angoissant, ça bouscule même... Je crois que je suis partie sur les pas de cet ado et j'ai eu peur pour lui : de ce qui pourrait lui arriver ; des conséquences de ses actes... Et puis l'on découvre que tout n'est peut-être pas vrai... que certaines scènes ne sont peut-être que dans l'imagination du héros... Et là, et bien on ne sait plus trop quoi penser...
Ce jeu entre l'imaginaire de l'ado et ce qui est de l'ordre du réel : c'est toute la force du film, de l'intrigue.
Si l'on ajoute à cela que les acteurs étaient très justes dans leur interprétation (j'ai beaucoup apprécié le personnage de Kristin Scott Thomas)... Et que, malgré une ambiance angoissante, l'humour reste présent tout au long du film... et bien c'est une réussite, un très bon moment de cinéma.   
Merci beaucoup pour cette séance partagée... et à tous pour vos réactions à chaud sur ce film (on en reparlait encore dans la voiture avec Jacqueline...  ).

 Martine :
Je ne sais toujours pas ce qui me dérange dans ce film, le côté voyeur de l'ado qui se laisse happer par des apparences de gens normaux - classe moyenne - satisfaits d'exhiber leurs signes de réussite extérieure.  Des scènes aux pirouettes répétées et ludiques venant détromper le réel.Une citation, fait écho, pour moi : "Il n'y a pas de vie ordinaire, il n'y a que des façons ordinaires de regarder la vie.". Je rajoute : c'était un très bon moment de cinéma. Mes pensées sont donc morcelées de si bon matin !!

Vincent
Dans la maison, le récit, l'intimité, l'interdit, la confiance, l'entraide, la réussite, l'échec, le mensonge, l'amour, l'humiliation, l'amitié.

Alain : Surtout Vincent que dans ta liste il y a des termes qui s’opposent et disent la tension de cette histoire. Je retiens celui de mensonge,  la question de la vérité est sous-jacente. On pourrait faire un cadavre exquis de cette liste. Je rajouterai bien celui de dissimulation. Mais aussi celui de masque. Il y a un côté théâtral dans certains films d'Ozon. Le paradoxe me semble être le suivant :

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Croire que nous savons ce que nous faisons est une tartuferie. Mais le contraire aussi : faire semblant que nous ne savons pas ce que nous faisons.  Ce sont les deux pôles qui relient le maître et l'élève sans que l'on ne sache dans le film qui enseigne à qui, si ce n'est la situation elle-même, qui échappe.  Éloge de la manipulation délivrée enfin de son opprobre. Sa puissance rejoint celle du cinéma :   un désir d'être reconnu, c'est son côté pathétique ; un désir de jouer, c'est côté lumineux. Le calcul et la grâce à la fin se tiennent la main : celle de la fiction dans laquelle nous emberlificotons le monde, les autres, nous mêmes. Sans laquelle nous ne serions rien et la vie n'aurait aucune saveur. C'est pour cette saveur de la fable que le manipulateur et le manipulé acceptent de se tenir la main. (Le réalisateur et son spectateur avec cette fameuse "impression de réalité" du cinéma qui en fait la fable). 
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 La morale chez Lafontaine fait partie du conte. Ce qui compte est ce qui conte, comptabilité importante dans le film - ce n'est pas seulement la langue, mais le fait qu'elle ouvre le réel. Pourquoi sans cela prendrions autant de plaisir aux histoires et pourquoi irions-nous au cinéma. En parler c'est rajouter une couche à la fabulation, lui prêter une chair qui est la notre. Et la faire vivre. En parler c'est reconduire le couple de la grâce et de la manipulation. Si on considère que l'imagination est création, qu'elle est une dimension quotidienne. Puisque chaque jour nous réinventons le monde en le vivant. Ou bien nous consentons à ce qu'il nous apparaisse tel qu'il nous est imposé, suivant que l'on se place d'un côté ou de l'autre, manipulateur ou manipulé.  Le tour de force du film "Dans la maison" c'est quand même, via les deux personnages, d'innocenter le dispositif de la perversion. Contre toute forme de pseudo naïveté où la victime justement n'est jamais innocente.
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Dans la perversion pathologique il n'y pas de partage possible. Au contraire Ozon montre qu'elle peut-être partagée entre les deux personnages masculins, d'un bout à l'autre du film et dans la séquence finale. D'autre part il nous l'offre en partage et réjouissance comme si nous formions en quelque sorte avec le film un couple équivalent à celui des deux personnages principaux. Tout cela me rappelle fortement d'autres explorations de la perversion au cinéma et de la dissimulation. Par exemple dans "Locataires" de Kim ki Duk que nous avions vu cette année. Où le personnage devient invisible et léger comme un ange. A l'image de l'ange dont il est question dans le film "Dans ma maison" au moment où le personnage regarde avec la femme mariée les peintures de Klee, où le désir se met en place et que dans le film on fait  justement référence à un autre ange joué par Terence Stamp dans "Théorème" de Pasolini.  "l'interprétation cela fait des vagues". Et ceci quand le cinéma fait "art", expérimentation, expérience, le film échappe sur ses bords à son créateur - de même que sa créature échappe au dr Frankenstein.

Inscription
par mail : lasagessedelimage@free.fr
ou tel : 02 51 13 67 15
Portable : 06 58 76 69 05

Rendez-vous devant le cinéma à 19H35 (s'il pleut dans le cinéma).
Tarif : 3,5 euros : merci d'amener la monnaie
(tarif minima social, rsa: 2 euros.)