Ville, folie et santé mentale



RENCONTRE : VILLE  ET SANTE  MENTALE 











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Mardi 19 mars 2013 de 18h30 à 20h, à la Mano à Nantes  

Au programme de la soirée :
« Quels regards portons-nous sur les maladies mentales et la souffrance psychique ? » échanges autour d’extraits de films, animés par : Alain Arnaud (association la Sagesse de l’image). En présence d’Aïcha Bassal, adjointe au Maire déléguée à la santé. Avec la participation du Groupe d’Entraide Mutuelle.

Rencontre organisée dans le cadre du Réseau local de santé de Nantes Nord et de la Semaine d’information en santé mentale, et de la Mission santé de la ville de Nantes. Au plus près des préoccupations des habitants, le sujet de cette rencontre a été choisi avec les partenaires du quartier. Des clefs et des connaissances sur la santé, au quotidien, pour tous les Nantais.

FILMOGRAPHIE et DOCUMENTATION
Voici le plan de nos extraits pour échanger sur les critères de la santé mentale, sur la façon de prendre en charge les délires de façon constructive ; les délires des personnes qui en souffrent -  mais aussi bien ceux de la société, sans oublier les nôtres au fond. Bref réfléchir à la santé en se replaçant dans une dimension de singulier-pluriel. Selon plusieurs approches : historique, ethnologique, scientifique, esthétique, institutionnelle, rhétorique, politique.

Plan des extraits ( Rencontre du mardi 20 mars, la Mano à Nantes)   :
(nous avons passé les 5 premiers extraits pour privilégier un temps d'échange).
Les 5 suivants tout aussi intéressants complètent l'approche.



TITRE DU FILM
REALISAT 
APPROCHE
1
Jeremy Clapin
2008
Esthétique
Poésie
2
"Le fils de la famille"
 Mickael Hamon   2012
 Systémique
3
"Je vais bien ne t'en fais pas"  
Philippe Lioret   2007
Dramatique
4
Myra Piat
2008
Pragmatique
Institutionnelle
5
"François Tosquelles une politique de la folie"
François Pain
1989
Institutionnelle J.Bonnafé-Tosquelles-J.Oury - F.Basaglia- P.Chemla
6"Quand tombent les murs de l'asile Youki Vattier
Idéologique
 désaliéniste


les films 


ci-dessous 

n'ont pas été projetés
7
"Urgences"  
R.Depardon
1988

Rhétorique (métaphore-métonymie-synecdoque)
8
Philippe Borel
2008
Politique
9
Marianne Estebe
2010
Territoriale
10
"Les maîtres fous"

Jean Rouch
1955
Ethnographique


Documents sur Internet : (Accès direct en cliquant sur les titres)
- "Un monde sans fous" : une vidéo exceptionnelle, limpide, elle restitue très bien les enjeux politiques idéologiques, économique en regard des approches humanistes - accessible aussi  sur le site de "Médiapart" avec des suppléments. Un livre du même titre à été  publié en complément du film. A notre avis indispensable pour une mise en perspective des enjeux jusqu'à l'année 2008.

Débat au Sénat (très intéressant) avec les intervenants de "Un monde sans fous"

- "Skhizein"  film d'animation de Jeremy Clapin 2008

- "La psychiatrie court les rues" sur Internet. Proposition très innovante d'accompagnement des personnes sans domicile souffrants de troubles à Marseille. Très joli documentaire de Marianne Estèbe de 25 mn environ.

L'institut universitaire canadien en Santé mentale (Douglas) : 
dans l'approche du "Rétablissement" :
- le cours de Myra Piat dont nous avons projeté un extrait 
10 autres témoignages intéressants de patients dans le même axe 

Autres vidéos (Divers)


Documents à la médiathèque de Nantes :
Doc F. Guépin 2012
- Doc médiathèque générale 2009
- Handicaps et discrimination 2009

Documents du catalogue de la médiathèque de Nantes qui nous ont servi 

- "Je vais bien ne t'en fais pas" fait parti du catalogue Médiathèque

- "Urgences" de Raymond Depardon (Les bonus où Depardon explique sa démarche sont particulièrement intéressants.

- "Quand tombent les murs de l'asile" de Youki Vattier. Quoiqu'avec une vision ouvertement idéologique et désaliéniste, faisant l'impasse par exemple sur les échecs de la psychiatrie de secteur, l'avantage de ce documentaire est de montrer certaines formes de réussites innovantes dans plusieurs pays : en Italie, en France, en Angleterre, certaines ont été reprises ensuite - et dont on peut sans doute encore s'inspirer

-" Les maîtres fous" : un documentaire irremplaçable de Jean Rouch dans "Jean Rouch Intégrale dvd  1 (précaution : amis des chiens s'abstenir).

- "No et moi" de Zabou Breitman (en bordure du sujet, c'est le cas de le dire, approche sensible).

- "Taxi driver" de Martin Scorcese. Tout comme dans " No et moi", Martin Scorcese montre de façon provocante que c'est la rencontre de la gamine paumée avec le personnage délirant et inquiétant,  qui répare la société. En somme l'équivalent cinématographique de l'analyse institutionnelle pour laquelle l'acte thérapeutique n'est pas que le fait de spécialistes mais concerne l'ensemble de la communauté dans une institution donnée. Il s'agit de faire cercle de façon ouverte autour de ceux qui expriment une souffrance - et sont une chance, une occasion favorable de recréer du lien social. Dans d'autres films cet aspect est présenté . Dans "No et moi",  Nora la sdf paumée, délaissée par sa mère, fait sortir  de sa dépression la mère de son amie, une gamine surdouée qui s'est épris de sa liberté à elle, et la prend son son aile protectrice. La protection va dans deux sens au bout du compte, par une espèce de réciprocité dans l'acte.

Documents de La Sagesse de l'image : Nous contacter
- "François Tosquelles une politique de la folie"


COMMENTAIRES APRES LA SÉANCE :

Charlène
Est-il possible d'obtenir le nom des films sélectionnés pour cette soirée? Le format était vraiment intéressant, et facilitait les échanges. Pour autant il me semble important de savoir pourquoi et comment ces extraits ont été choisi. Cette sélection amène tout de même un parti pris, et j'ai trouvé que les images diffusées sur l'hôpital psychiatrique ne permettaient pas de dépasser la caricature. Il existe d'autres visions, pertinentes à diffuser pour ne pas orienter les échanges et pouvoir dépasser les préjugés. Malgré cela, une soirée constructive, qui redonne son importance aux échanges sur la maladie psychique.

La sagesse de l'image : 
Nous n'avons pas passé tous nos extraits pour privilégier les échanges. Vous pouvez compléter avec les liens indiqués ci-dessus

En ce qui concerne les partis pris : dans le tableau la colonne de droite mentionne plusieurs types d'approche. D'autre part l'ensemble des extraits, les 6 montrés plus les 4 autres - dont la plupart sont accessibles sur Internet - dessinent un paysage depuis disons l'erre post-aliéniste des années 60/70.

La vision caricaturale est montrée à escient dans le film de Philippe Lioret  "Je vais bien ne t'en fais pas". On a bien dit qu'il forçait le trait volontairement pour mener en bateau ses spectateurs et renverser à la fin son point de vue. Son but dans le film n'est pas de caricaturer l'institution, il fait semblant, mais de tendre son drame, pour aboutir au formidable paradoxe de son dénouement (totalement fou pour le coup, dans lequel se mettent les personnages). Tandis qu'au contraire d'autres films apparaissent aujourd'hui réellement caricaturaux et marqués par les discours de leur époque. (Vol au dessus d'un nid de coucou, Rain man, aussi bien Family life ou THX 1138).

Le film "Un monde sans fous" tout en prenant le parti d'une approche humaniste, dit bien l'échec relatif de la psychiatrie de secteur dés lors que les malades ne sont plus pris en charge, laissés à la rue pour faire des économies - ou à la merci de la prison. Il dresse un réquisitoire de la société libérale avec laquelle plus grand monde ne semble d'accord aujourd'hui. Il date de 2008, l'époque d'un mouvement de résistance des professionnels à une vision économiste ( mais aussi de contrôle des institutions de soins,  aussi bien que des citoyens, des malades, séparés entre bons et mauvais sujets). Cette vision valorisant un fonctionnement libéral s'adosse simultanément sur une volonté de stigmatiser et d'exclure une partie de la population. Une vision politicienne et électoraliste, brossant dans le sens du poil le ressentiment et le sentiment d'impuissance des gens, en désignant des émissaires responsable du malaise social.