Mercredi-20-Mars-19h30-"We-Want-Sex-Equlity"



Maison de quartier Bottière  mercredi 20 mars à 19h30

"We want sex equality"
Réalisé par Nigel Cole 2011
1h 53min
(titre original :  "Made in Dagenham" )
Avec Sally Hawkins, Bob Hoskins, Rosamund Pike
Drame , Historique , Comédie Britannique


Un film proposé et présenté par Hélène


Résumé : Au printemps 68 en Angleterre, une ouvrière découvre que, dans son usine, les hommes sont mieux payés que les femmes. En se battant pour elle et ses copines, elle va tout simplement changer le monde...
Le film conte l'histoire véridique d'un soulèvement de 183 ouvrières des usines Ford survenu à Dagenham dans la banlieue est de Londres. Un jour de 1968, ces femmes décident de braver leurs patrons américains en annonçant trois semaines de grève. Elles demandent une mise à égalité des salaires entre hommes et femmes.

Le film a remporté trois prix au festival de Dinard: le Hitchcock d'Or, le prix du meilleur scénario ainsi que le prix du public.

Commentaires après la séance

Marie
 ah je comprends mieux l'horreur du rose qu'a manifesté Alain ! ....pourtant, vu le thème, elles auraient pu piquer davantage, les roses de ce soir....

Elise 
Et pourquoi ce sont les femmes en rose et les hommes en bleu ? Et oui, après tout... Ce serait intéressant d'inverser les couleurs et de voir les réactions... Moi, question couleur, j'ai toujours eu une préférence pour le bleu...

Tout comme dans les magasins d'habits pour enfants : roses pour les filles et couleurs sombres pour les garçons...Et en classe de maternelle, un petit garçon qui voudra jouer à la poupée, ce sera accepté mais le regard des adultes restera lourd et pesant... Et une petite fille qui jouera à la bagarre dans la cour de l'école, elle sera aussitôt reprise par l'adulte avec réflexion en plus (pas toujours mais très souvent)...

Alors oui, bien sur qu'il y a une évolution, et heureusement, mais tant que tous ces petits détails, qui font le quotidien des jeunes enfants, ne changeront pas, cette évolution elle restera infime, trop infime.

C'est bien sur, le rôle de la cellule familiale, mais aussi des lieux d'accueils de jeunes enfants, de faire bouger les choses...  Il y a du boulot... Merci à tous pour ce débat...  Merci Hélène pour ce film marquant, et, malgré tout, plein d'espoir, je trouve...

Alain  
Je suis une poupée qui fait non moi aussi !!  La chute de la séquence de l'ouvrière devenue apprentie mannequin par la ruse intéressée du capital est dans le film assez jubilatoire dans l'art du détournement : "Equality" écrit sur son ventre.

Le compagnon qui prend tout en charge, délaissé, c'était pas mal vu aussi.  Le besoin d'approbation est réciproque nous dit aussi le film au travers de ce couple.

Et les inserts des protagonistes historiques de cette lutte sont émouvants : quelque chose s'est écrit. Comme on le voit des femmes avec Larzac. Les civilisations s'effacent mais ces gestes-là qui partent de la colère la plus simple paraissent gravés dans une éternité au sens où leurs effets ne sont pas terminés, ils ouvrent un espace qui ne s'est pas refermé. Les célébrations nous énervent ou nous ennuient, mais apprendre que le 8 mars seraient l'anniversaire de la lutte des couseuse et couturières super exploitées de New york au début du 20ème siècle, rend la journée vibrante pardessus l'histoire et les années. Il y a en bien d'autres gestes du passé qui attendent les nôtres.

Notre débat reste intact : de ce qu'il en est d'une essence (ou pas) du masculin et du féminin.

Merci Hélène pour cette proposition de film et pour ta présentation. Je fais mon louveteau mal élevé que pour ne pas sombrer dans ce beau concert de révolte, dans la commisération ou la victimisation. Pour que le masculin et le féminin aient leur place, s'inversent, se partagent. Je crois que dans l'acte d'amour ils s'échangent. Et ce que nous sommes ne se limite pas à ces deux pôles mais passe par eux.

Françoise
Sachant que l'augmentation obtenue par les femmes est de 7 pence/cents(?) de l'heure et correspond à 92% du salaire masculin, calculez je vous prie le salaire de l'homme, afin de vous rendre compte par vous même le montant dérisoire octroyé si généreusement par le grand Manitou

Elise
Tout à fait, c'est dérisoire...
D'autre part, elles ont obtenu 92 % : ce n'est pas leur demande de départ : cela veut dire dire qu'elles ont été obligées de négocier. Ce que je veux dire, c'est que je ne pense pas que les négociations soient forcément négatives pour les salariés et positives pour les patrons. Ce qu'il faut, c'est qu'elles permettent des compromis des deux cotés, pour que tout le monde s'y retrouve.

Et je pense que c'est possible si on donne aux ouvriers les moyens de se former pour négocier et savoir se défendre (la formation syndicale permet aussi cela).

Hélène
A propos de roses, le très beau slogan "du pain et des roses " trouve bien son origine dans la grève de 9 semaines initiée par les ouvrières du textile de Lawrence (Massachussets) en 1912 : suite à une loi , promulguée par l'état du Massachussets qui limitait le travail hebdomadaire des enfants à ...54 heures par semaine , les industriels du textile ont rétorqué en limitant la journée de salaire de tous et toutes à 54 heures, avec, bien sûr, une réduction conséquente de la paye.

Les ouvrières -dont beaucoup récemment immigrées- se sont , début 2012, mises en grève -malgré l'absence de soutien des syndicats qui défendaient alors exclusivement les ouvriers anglophones .
Elles ont réclamé -et obtenu après 9 semaines de grève- une augmentation de salaires mais aussi des conditions de travail plus décentes - certaines défilant avec un panneau sur lequel était écrit "we want bread but we want roses too"

Ce slogan est à l'origine d'un poème de Oppenheim qui est ensuite devenue une des chansons traditionnelles de la classe ouvrière américaine. En voici les paroles :

« Marchons, mes sœurs, marchons ! Le son de nos voix claires,
Perçant la grisaille des cuisines noircies et des usines moroses,
Guide nos pas vers un jour radieux, éclatant de lumière.
Chantons toutes en chœur : “Du pain et des roses ! Du pain et des roses”
Marchons, mes sœurs, marchons ! Notre lutte est aussi pour les hommes,
Qui, par nous enfantés, restent toujours nos enfants.
Assez ! Nous vivions comme des bêtes de somme.
Qu’on nous donne du pain, mais des roses également.
Marchons, mes sœurs, marchons ! Par delà le tombeau,
Des femmes innombrables, par le cri de nos voix, réclamant du pain.
Ni beauté, ni amour, la corvée fut leur lot !
Luttons pour les roses, pas seulement pour le pain !
Marchons, mes sœurs, marchons ! Des jours meilleurs suivent nos traces :
Nous entraînons la race entière dans notre apothéose :
Assez d’exploitation ; dix qui peinent quand un se prélasse :
A chacun sa part de pain et de roses ; de pain et de roses. [2]

Françoise
Merci Hélène pour cet apport très intéressant.
Pour en revenir à mon problème de mathématiques où je m'emmêlais un peu les pinceaux, genre problème impossible à résoudre faute d'éléments... je n'ai surtout pas dit que cette lutte n'en valait ps la peine, j'admire ces femmes qui ont réussi à braver leur patron et autres collègues masculins soit disant bienfaisants, qui n'ont pas hésité à relever la tête et prendre la parole au début de façon hésitante puis de plus en plus affirmée

Hélène
J'avais bien compris , Doudou
Moi aussi je les admire et espère parvenir un jour à avoir la moitié du courage de ces femmes là -qui savent en plus rester humaines et tendres

Alain
J'aime bien ta dernière proposition, Hélène et dans celle-ci le dernier adjectif . Je me fais pas de souci quant à ton courage mais c'est vrai que celles et ceux qui se rendent "visibles", quelquefois en prennent plein la tronche. Et que l'enjeu est à remettre sans cesse sur le métier. Rien n'étant joué. J'ai aimé ce moment où en pleine action, le personnage est accablé de tous les côtés. Par son compagnon, par la lutte etc.. Mais elle ne baisse pas les bras quoique le doute puisse s'immiscer. Épreuve de la solitude où elle affirme ce en quoi elle croit malgré les circonstances. Bien aimé ce mélange de fragilité et de force.

Si elle ne comptait pas sur ses forces, son motif, son impulsion de départ : rien n'aurait abouti. Mais si elle n'était pas soutenue, par le gentil syndicaliste, par sa copine leader féminin, par son mari à la fin, par toutes les ouvrières, et peu ou prou la ministre tout cela n'aurait pas fonctionné non plus. Le singulier-pluriel c'est la communauté qui se cherche. Peu importe au fond qui agit, puisque cela profite à toutes et à tous. Et que l'acte qui ouvre le contexte est aussi porté par lui.

Elise
En effet... Et c'était important aussi, je pense, de bien montrer le "tiraillement" entre sa vie privée et son engagement envers ses collègues : pas facile pour une femme de se rendre moins disponible, même provisoirement, envers ses enfants pour se consacrer à un combat auquel elle croit, mais où l'incertitude reste présente. C'est peut-être ça son plus grand courage...

J'ai apprécié aussi cette solidarité entre filles et cette capacité de compréhension mutuelle... Elles étaient touchantes parfois...