le 27 mars à 14h15-"Jean-Vigo-à la maison de quartier Bottière



Présentation de Jean Vigo
Mercredi 27 mars à 14h15


suivie d'une discussion
après la projection.




"Zero de conduite" (1932) 40 mn
Ce film a été tourné en 1932 par Jean Vigo dans le collège de Saint-Cloud où il passa lui-même une partie de sa scolarité. Après la mort de son père anarchiste d'origine espagnole, Jean Vigo sera rejeté de lycée en lycée. Le film est une satire de l'institution scolaire répressive suivie d'une révolte réjouissante. 


2ème partie : "À propos de Nice" (1929) 25 mn
C'est un film expérimental et satirique extraordinaire que je vous propose de découvrir. Boris Kaufman à la caméra, ami de Vigo obtint un oscar pour "Sur les Quais" de Elia Kazan

Commentaires après la séances :
Elise : 
Encore un après-midi découverte pour moi : j'ai moins accroché au deuxième court métrage, mais "zéro de conduite" c'était très bien... J'ai beaucoup aimé la séquence du somnambule dans le dortoir : j'ai trouvé touchant le copain qui demande aux autres de se taire... Et puis, le personnage du surveillant, complice avec les enfants quand il s'agit de jouer au ballon dans la cour... 
Et une mention spéciale pour la séquence de bataille de nourriture : c'est jubilatoire de pouvoir en rire, pour quelqu'un qui bosse en cantine... 
Ah oui, autre chose, le titre me disait quelque chose : et bien, dans le film P.R.O.F.S avec Bruel et Luchini, il y a une séquence de ce film : celle avec le squelette et où l'élève répond à son prof : "et bien moi j'vous dis..." sauf que dans P.R.O.F.S, la réplique s'arrête là...  volontairement raillé...  .

Alain
Oui effectivement on pensait aux garnements de notre époque, aux sauvageons, aux "merdeux" ou aux "chiards". Bref à tous les anarchistes qu'au fond nous sommes restés. Avec leur cruauté qui affleure un peu ici (développée dans "Sa majesté les mouches".

Le film ne dit pas comment ils se récupèrent, ces révoltés sur le toit de leur prison. L'important c'est effectivement qu'un squelette espiègle puisse s'interposer entre les innocents et la jouissance perverse de l'adulte qui se réfugie derrière sa fonction et la hiérarchie; squelette dont la tête espiègle sert à la fin d’étendard, une image de la mort du côté du révolté contre les morts-vivants. Le père de Vigo avait pris le pseudo de Almeyda anagramme de "Y a de la merde". "je vous dire merde" était une formule publiée dans l' un de ses articles et reprise dans le film par l'élève Trabart. Bref la "chienlit" comme disait le général !

J'ai bien aimé partager "A propos de Nice" avec vous. Vigo m'est apparu plus proche, plus touchant. C'est pas mal d'avoir repéré la citation de "Zéro de conduite" dans PROFS, et dans le début de "L'argent de poche" de Truffaut !. "En tant que cinéphiles ...." 


Elise
Sur "A propos de Nice", j'ai apprécié les images du remblais (la promenade des anglais d'ailleurs ?...) : avec les bourgeois assis à lire leur journal et bronzés en costume...  et cette mère de famille avec un enfant dans les bras et qui, visiblement, faisait la manche. Et ce quartier populaire fait de ruelles étroites avec le linge étendu aux fenêtres : cette image m'a rappelé le quartier gitan à Perpignan... Un quartier fait de très vieux immeubles...

Alain
On voit une "rom" qui fait la manche sur la promenade niçoise  Comme une rom d'aujourd'hui "Ils viennent du fond des temps, nos ancêtres indo-européens" chante Ferré.
J'ai aimé la progression du film, la diversité de ses motifs, la césure riche pauvre se partage sans la recouvrir le thème joie, dépense, mort travail.
J'ai aimé la blancheur des voiles et l'ombres des rues populaire encaissées. La verticalité finale des cheminées d'usine montée en contrechamp du regard des belles demoiselles de la bourgeoisie vers le ciel. Comme un motif du cinéma russe révolutionnaire façon française. J'ai aimé que Vigo se soit laissé allé aux associations sans liens trop mécanique, à l'inspiration.
Et aussi la revendication du plus simple appareil, de la nudité, des corps. La violence des raccords entre les gueules des bourges d'une certain âge et d'une tête de carnaval à l'envers, comme ayant sombré dans sa décadence. Mais qui met en même temps en place un motif vie-mort carnavalesque. On retrouve aussi des personnes dans des situations différentes sans qu'elles ne parviennent totalement à devenir des personnages à l'exceptions des grâces dansantes.

Anne-Marie
Il m'a fait décoller Jean Vigo avec ses biplans qui surgissent de la Baie des Anges... les anges...arrêt sur image...
oui au linge qui sèche dans les rues étroites, oui aux cheminées de Malévitch §§!?!§
oui à la mer qui s'effrange
le sentiment tragique de la vie...
mais qu'est ce qu'il y a donc sous les jupes des filles ...

Alain 
Elle nous fait décoller Anne-Marie et sa poèsie. Elle m'a fait décoller avec un rouge Pavese. J'aimerai qu'elle  le redise. Dans ce Nice de Vigo il y avait à peine une touche italienne, une touche espagnole une touche russe et surtout une touche française à la fois grasse, directe et fine, chaloupée. 
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