Le jeudi 30 décembre le loup de Wall Street est de sortie au Katorza



Le loup de Wall street

de Martin Scorsese

Avec Leonardo DiCaprio, Jonah Hill, Margot Robbie

Interdit aux moins de 12 ans



Résumé : L’argent. Le pouvoir. Les femmes. La drogue. Les tentations étaient là, à portée de main, et les autorités n’avaient aucune prise. Aux yeux de Jordan et de sa meute, la modestie était devenue complètement inutile. Trop n’était jamais assez…


Commentaires après la séance :


Patricia
Merci pour cette belle soirée pleine de vitalité ; pas le temps passer

Claude
Pas vu les 3 heures passer. Bien apprécié le décalage choisi. On ne voit jamais les conséquences que cette forme de vol officiel qu'est la spéculation, a sur la vie des gens qui perdent leurs économies. Comme si c'était un jeu virtuel. Ce film, c'est juste la poor life d'un poor trader sans foi ni loi qui au final, et en ne quittant pas sa ligne de fuck les autres, s'en tire plutôt bien. Pas même une fin morale: la prison avec de l'argent, c'est mieux que sans!!. Beau jeu d'acteurs.

Martine
Yeh !!! fuck... jeu d'acteurs et de mise en scène. C'est le mythe de Sysiphe dans le vol, le stupre, la drogue, la psychose du fric pas chic, c'est un jeu sans fin et sans rédemption, pour ces tristes larrons.
Pas vu passer le temps non plus. A chacun son loup. Mon choix est fait. Devinez ?

Elise
Un très bon film surement... Et Di Caprio est très bien dans son rôle... Mais moi, j'ai pas du tout accroché à la réalisation : je suppose que c'est le réalisateur qui a voulu que tout soit joué avec exagération : et c'est cela qui m'a gêné... c'était surfait, c'était du "cinéma" mais simplement du cinéma... J'ai commencé à vibrer avec le héros dans la 2ème partie : quand il a commencé à avoir des problèmes... Mais malgré cela, je n'ai pas ressentie beaucoup d'émotions (à part, peut-être, à la vue du ventre rond de cette femme qui se bat pour préserver sa petite fille)... Ceci dit, moi non plus, je n'ai pas vu le temps passer : On n'avait pas le temps de dire ouf... Merci, Alain et Michèle, pour cette découverte, et pour tout le reste...
Dominique
Di Caprio est impressionnant, la réalisation parfaitement maîtrisée c'est du Scoresse du meilleur cru, tout le film va à un rythme impressionnant, c'est du cinéma on est captivé tout le long du film... ....merci  de nous avoir proposé ce film, je n'y aurais pas été de ma propre initiative !

Michèle
Scorsese, selon moi, est un réalisateur inégal. Dans ce film il est assez époustouflant. C'est un américain, il aime ce pays mais il nous parle tout de même de cette Amérique qui fait croire à ce rêve : chacun y a sa chance. Mais quelle chance ? Celle de devenir riche, et donc sous-jacent, par n'importe quel moyen. Ce n'est pas l'Amérique où chacun a sa chance de vivre libre et non pauvre. C'est l'Amérique laide, impitoyable. Chacun pour soi, le Dieu dollar pour soi, qu'importe l'autre. C'est la fin du rêve, la fin du pays des pionniers. La scène où le type du FBI est dans le métro qui regarde les gens ternes, fatigués et silencieux ; où ce couple de chinois semble écrasé par la vie, illustre cette désillusion.
Que sont-ils venus chercher dans ce pays ? Sans doute pas de vivre dans une banlieue moche et de trimer pour quelques sous sans espoir de revoir la Chine et de sortir de cette condition... Ce film est noir, profondément triste.
Qui est Jordan finalement ? Un type qui a cru en ce discours : le rêve américain est à la portée de tous, ceux qui n'y accèdent pas sont des losers, des gens sans intelligence. Il le prend à bras le corps ce rêve, ayant compris que le système est pourri. Il n'est pas totalement antipathique, on pourrait penser que lui aussi est victime du système. Ce n'est pas Scarface ni Al Capone, c'est juste un type qui veut sa part du gâteau et on lui a inculqué que plus la part est grosse, mieux c'est. En France, on n'aime pas trop les très riches, aux USA on les admire, ils sont des exemples; ils étalent leur réussite. Ici, va dire combien tu gagnes !!!! Les WASP ne sont plus de mise, vive l'argent vite gagné !
Ce type totalement amoral a une forme de morale et il se fait tout de même coffrer par trahison de son tout premier partenaire. Mais tout s'oublie, même pourri, ce type reste un exemple et il apprend comment réussir avec le coup du stylo... la boucle est bouclée. Qu'importe la chute puisqu'on a volé ( sans jeu de mot) !
La frénésie est l'illustration de la folie des USA et du système boursier que, je crois, dénonce Scorsese. Elle est aussi bien réelle, quand on voit les types de la bourse s'exciter dans les reportages TV, on se demande à quoi ils tournent et dans quel monde ils vivent. Ils ont entraîné leur propre chute et, malheureusement, celle de très nombreux citoyens dans de nombreux pays.
Bon, je n'ai plus le temps de développer. La suite au prochain épisode après mon rail de bicarbonate !!
Ah si un truc ! J'ai pensé au film " Catch me if you can" qu'on a passé au restaurant social. Quel acteur ce Léonard !
Ah oui, une petite chose encore : merci à tous ceux qui apportent la somme exacte, ça nous facilite le travail d'organisation surtout quand on est nombreux comme hier.

Martine
Merci Michèle, pour ces lignes délicieuses, et abondantes. Je recherche "catch me if you can" je ne m'en souviens plus et pour l'Ange Léonardo, j'ai tout mon temps.

Danielle
Après le Titanic, il joue le naufrage.. naufrage de la vie. Qu'il est bon Léonard, combien de fois on a envie de lui mettre une claque!!!! Même ses propres enfants ne peuvent le faire plier vers un genre plus humain.. Argent, argent sale, pourtant le bicarbonate est un truc de grand-mère pour faire le nettoyage de printemps.. Film dont je suis sortie fatiguée car très cliché.. Pas un sage dans le film!!!

Michèle
Danielle, le sage serait l'enquêteur du FBI et la première femme de Jordan qui a tenté de le réguler notamment au moment où elle reçoit le bracelet en diamants. Mais peut-on les qualifier de sages ? A mon avis, pas vraiment ; plutôt de mesurés.

Claudine
Si, un "juste", le seul, c'est l'agent du FBI qui refuse la corruption! c'est lui notre héros, celui auquel nous pouvons nous identifier
L’excellente analyse de Michelle me convient presque entièrement, je dis "presque" car je le juge parfaitement antipathique le héros de ce film qui ne trouve aucune excuse à mes yeux
l'excès à tous les niveaux, le fric pour seule loi, le mépris et la cruauté envers les autres, le machisme, la prostitution (même "haut de gamme", elle reste du domaine de la commercialisation, de la chosification du corps de la femme utilisée pour le seul plaisir bestial de l'homme qui se croit le droit de tout acheter) le besoin, la dépendance aux drogues dont on voit les conduites auxquelles elle conduit , l'absence de tout sentiment, de tout humanisme ... tout, dans ce film, nous écoeure mais c'est ce qu'a voulu Scorsese : démontrer où nous mène ce capitalisme sans frein, cette course effrénée à la fausse puissance que donnerait la domination par le seul dieu-argent (ou or) et cette leçon est efficace.

Michèle,
Claudine, je suis d'accord avec toi pour ce qui concerne les excès , la prostitution etc. Dans tous les films où l'on voit des américains réussir, il y a ce genre d'excès avec les inévitables fiestas dans la piscine avec des filles nues. C'est très cliché, et ce cliché est très amerloque. Le gars qui a inventé la magazine "playboy" n'a jamais été considéré comme un sale macho exploiteur du corps de la femme, il me semble.
Je persiste à penser que Jordan est une victime du système que dénonce Scorsese est qu'il n'est donc pas totalement antipathique; même si perso je n'aurais jamais pu être son amie ou amoureuse. Jordan cristallise les failles du système et l'effondrement du rêve américain..

Claudine
je respecte ton point de vue mais en ai un différent ... curieuse de lire, ici, ceux d'autres spectateurs de ce film qui, certes, invite à la discussion ...suis plus entière et premier degré que toi et je ne peux manifester la plus petite indulgence envers ce "héros" qui se vautre dans la veulerie, la muflerie et l'irrespect total des autres et de lui-même. il est une concentration de ce que j'ai combattu toute ma vie, depuis mes treize ans. J'ai toujours considéré que le fondateur (ainsi que ses successeurs et tous ceux qui en ont tiré de gros profits) de ce magazine qui instrumentalise le corps de la femme étaient de vils prédateurs mais j'ai bien conscience de n'être ni la voix des States, ni celle de la communauté machiste internationale

Alain
Ce film est un sacré exercice d'autodérision américaine où en fin de compte on ne peut pas dire qu'on jette le bébé avec l'eau du bain. La séquence de la bagnole est désopilante. Le goût de Scorsese pour le burlesque est présent dés "Mean street" (1973) avec des personnages "trop cons" qui attirent de ce fait (par le trop) notre sympathie au minimum notre rire. L'émotion est là, pas sentimentale. Nous y sommes chaque fois malmenés. Avec des pointes de mélo : j'aime bien comment Scorsese ramasse la donne à nous faire croire que la petite fille va y passer dans la voiture, alors que son père saigne au final (belle métaphore). On ne peut pas se projeter dans des personnages aussi frapadingues que celui de "Taxi driver", on retourne la norme comme un gant, montrée la plupart du temps comme un jeu à la vie.. et donc à la mort (le commentaire off sur la brute épaisse que l'on remercie d'avoir été en prison en lui offrant des femmes et une nouvelles fiesta, nous apprend qu'il meurt à 35 ans.

Renvoyer dos à dos le système et ceux qui l'utilisent n'est pas nouveau. Dans "Orange mécanique" la violence est relayée par tous les acteurs du système, aussi bien celle du jouisseur, de l'Etat que de la victime qui se venge par effet "mécanique". La dérision y est plus critique au sens d'une mise à distance, comme on le faisait dans les années post 68 de contestation. Se pose la question d’éventuels dégâts collatéraux : par exemple le viol dans 'Orange mécanique" a traumatisé toute une génération de spectatrices. Je fais ce détour par Kubrick, pour dire que j'ai lu un peu sur la controverse en rentrant hier soir après The wolf. Notamment un article dans "Elle" d'une américaine victime du vrai Jordan Belfort qui se révoltait contre la vision qu'elle trouve complaisante de Scorsese vis à vis de ce chien de garde du système qui a mis à bas des milliers de personnes aux usa, fait des malheureux, des pauvres, des malades non soignés, des expropriés.

Quand l’œuvre est bonne on rentre dans le paradoxe que certains peuvent interpréter dans le sens contraire de ce qu'il dénonce. Je ne passerai pas "Orange mécanique" dans une séance de ciné-débat; en revanche oui pour "le loup de Wall Streets" parce que le débat s'y engage, même si j'ai dû m'accrocher pendant la première demi-heure du film pour sortir de la morale et me laisser aller à ce jeu tragique. Les spoliés de ces traders sont là en permanence, en creux ( à travers les doigts d'honneur pointé) ; on peut imaginer qu'eux aussi partagent la même idéologie globale dont le film est une satire. La preuve en est de ce que le flic dit à Jordan : que lui n'est pas un fils de riche papa mais qu'il en a choisi le camp, épousé la logique pour la prolonger jusque dans sa folie, - ce qui à mon avis caractérise ce cinéma, d'en montrer la folie (l'envers de Blanche neige).

De même le personnage du domestique homosexuel raffiné et au fond sympathique mais qui organise des partouses (et un vol sans doute) identiques, quoique homo, dont s'offusquent les maitres hétéros (trop drôle, et là on voit bien la déconstruction d'un discours dominant de l'hétérosexualité). De même que ce discours de la "win" qui fait de cette nation de "roms" de tous les pays des traders potentiels. Et pan ! Prenez ça dans la tronche ! Cette bande de Pieds Nickelés du peuple qui se mettent à niveau des élites prédatrice de la nation, belle revanche. D'un côté comme de l'autre c'est le même jus. Pas un pour rattraper l'autre. La dérision c'est avant tout celle des personnages sur eux-mêmes. Ils jouent avec ce qu'ils sont. Le pouvoir est de fait réduit à son jeu, inséparable du jeu. Le pouvoir comme l'argent est un effet de confiance, de croyance, une comédie, un simulacre. C'est ça la force du film, de nous faire entrer dans le simulacre, dans un paradoxe qu'au fond nous connaissons tous pour le vivre. Il n'y a pas de foi naïve ni de victime innocente. Tout le monde en prend pour son grade. Indépendance et solidarité; égoïsme et fraternité. Terrible, éprouvant et simultanément réjouissant.

Est-ce que le réalisateur nous dit autre chose que la critique généralisée actuelle du capitalisme ? En tout cas il dit que la critique n'est pas suffisante si on se situe à l'extérieur. L'avantage de Marx c'est d'avoir décalé le point de vue sur le système du côté de l'exploité, du prolétariat, comme dans le cinéma de Ken Loach;  ici ce serait de le décaler du côté de ceux qui refusant d'en être les victimes l'utilisent au bout du compte à leurs dépens. Les deux points de vue ne sont pas antithétiques. Vivre nous tue c'est clair. A partir de là les choses peuvent changer, se mettre à jouer dans un autres sens. On peut par exemple participer à l’industrie cinématographique, produire des chefs d’œuvre et ça rapporte. Réjouissant ce film dans le fait qu'il nous fait sortir d'un point de vue victimaire. Cela n'interdit pas l'utopie d'un monde meilleur en creux. L'agent du FBI dans son métro au final a l'air triste avec une vie sinistre. La grisaille fait raccord avec le personnage de saint joué par Nicolas Cage dans "A tombeau ouvert". Entre juste-triste et déjanté-joueur-joyeux-fucker ne peut-on pas trouver une figure plus réjouissante ? la force de Scorsese c'est de ne rien en dire. L'art de la caricature.

Michèle
En tout cas, tu me coupes l'herbe sous le pied quant au mec du FBI ; Claudine dit qu'on s'identifie à lui, que c'est un héros.. ben, désolée mais je ne me suis à aucun moment identifiée à lui et jamais pris pour un héros. Qui dit qu'il n'est pas complètement malade, coincé, et ne rêve pas de pouvoir être capable d'être aussi débridé que Jordan, aussi joueur ? Car c'est ça le nœud du truc pour moi, le jeu, le risque... C'est ça qui est fascinant et qui le fascine aussi.
Et ce film si noir, si triste est effectivement une grosse farce, j'avais oublié de préciser que je me suis bien marrée, de concert avec les spectateurs...Ah oui alors, quelle maestria pour nous balader ! Merci Martin et ce cher nanard (Léonard di Capprio) qui a heureusement définitivement perdu son angélisme titanesque !!!

Patricia
Merci pour cette sortie, et merci à toutes et à tous pour vos commentaires très intéressants et pertinents, qui éclairent ce film bien noir. Oui c'est l'Amérique, vue de façon pas si caricaturale que ça, mais cette Amérique-là me laisse un goût amer. Je préfère Omar et son regard noir, pour la beauté du type et des valeurs qu'il porte.

Alain
Oui c'est bien un naufrage titanique, du bateau, de l'hélico, de la voiture puis de sa femme, et de ses amis qu’il trahit. L'enfant qui casse ses jouets n'en a rien à cirer au fond de les conserver, puisque le jeu qu'il oppose à son père c'est le « toujours plus », de repousser les limites du système et de le baiser. Mais perdre sa fille c'est plus dur. Dans la dernière scène d'amour, il devient un looser montré sans concession dans sa bêtise aussi bien que de façon pathétique. Nous sommes pris dans une ambivalence à l'égard du personnage. Idem chez Woody Allen dans "Escroc mais pas trop" avec le personnage du guitariste façon Django Reinhardt joué par Sean Penn. Le machiste est retourné comme une crêpe. On pourrait dire qu'il y a un point de vue féministe. C'est sa femme qui le "fucke" en beauté ; on a vu qu'il aimait bien ça au niveau sexuel une bougie allumée entre les fesses, et là on sort de sa jouissance par un autre jeu, ah tu veux jouer et jouir sur le dos des autre, ah tu veux jouer et jouir sans moi, imposer ton rythme, alors vas-y coco. Mais il faut que le personnage ne paraisse pas trop antipathique, pour qu'on puisse s'y projeter ou avoir de l’empathie a minima, sinon ça ne fonctionne pas. Le sentiment de toute-puissance, le jeu, la séduction, le charisme, la destruction le ravalent au rang de l'enfant.

Elise
Ouah, mais que deviendrait-on sans les commentaires de "la sagesse de l'image" !!! Et moi, ça permet d'éclairer mes lumières sur ce film qui ne va sans doute pas me laisser un souvenir extraordinaire, mais qui est passionnant à décortiquer finalement...

Martine
j'aime vous lire, et vous relire. Comme toi Michèle j'ai ri comme une baleine, face aux clichés amerloque... le regard du type du FBI, m'a fait supposer qu'il aurait fait pire que Jordan, s'il avait choisi un autre camp que celui des justiciers.

Alain


Pour Yvonne :  Gainsbourg s'est identifié à sa créature, pas Martin Scorsese. Enfoncer son regard dans le jeu la réjouissance et de l'autre la pulsion de mort ou la bêtise c'est l'intérêt : produire du regard, de l'espace là dedans. Intéressant de voir l'empathie d'un côté et la distance de l'autre qu'il a vis à vis de son personnage (ô zut c'est reparti  :lol ).

 Elise, même si tu l'as utilisée dans un sens plus large je reprends ton expression de "décortiquer" qui me permet de préciser : En priorité on ne "décortique" pas le film, on le fait résonner ; ce que nous proposons c'est de l'interpréter comme les musiciens d'un orchestre le font d'une partition. On ne pas confond pas la partition, (le génie des significations objectives du film) et ce qui en sort : son sens, le son que nous lui donnons. Le sens nous appartient. Si on fait dire au film ce qu'il ne dit pas, dans ce cas on revient aux significations qu'il a construites ( là on a besoin de décortiquer).
A l'occasion du film, nos sensations, émotions et pensées sont fines, fluides, rapides, nombreuses, plurielles, intenses. Nous n'avons prises sur elles que pour une partie (C'est un iceberg qu'on fait émerger). En parler permet de les identifier, les faire vivre après coup. Je trouve ça faramineux, génial. Mais le réel borde notre délire.  :)  :)  :)

 

Yvonne
Moi.. je suis un peu tristounette..cela m'a rappelé un peu cette fameuse scène de télé où Gainsbourg brûlait ses billets devant la caméra. Mais c'était moins lng. Mais pour une fois j'ai vraiment admiré l'acteur et lui tire mon chapeau....Suis même restée jusque la fin du film

Claudine
Je persiste et signe ou ... n'ai décidément "rien compris au film" ???
Comment pourrait-on éprouver une once d'empathie pour ce type avec un cerveau à trois neurones : le fric, le sexe et la cocaïne ??? il fédère tout ce qui est haïssable et condamnable dans ce siècle
je ne vois pas ce qui pourrait nous amuser dans un tel portrait ? Serait-ce devenu "in" que d'aimer les "salauds" qui n'iraient plus "en enfer" ???

Michèle
Claudine, il est en enfer; il vit en enfer. Ce n'est pas l'aimer que de rire de lui; il est grotesque. Le grotesque sert à dénoncer l'intolérable. Mais ce n'est pas lui qu'il faut haïr et punir, c'est le système : c'est ce monde de la finance, du fric et de la frime, ce monde du factice qui pervertit. Si Scorsese prend le parti de nous faire rire, c'est afin de nous permettre de regarder jusqu'au bout, sinon ce serait insupportable. Quel est le but ? Nous faire aimer cet homme ? Nous faire une leçon de morale ? Non. A mon avis, la grande force du film, donc du réalisateur, est qu'il nous laisse libres ; ce n'est pas de la dénonciation moralisatrice. Trop facile ce genre de dénonciation où on nous donne, au final, bonne conscience; où l'on sort comme lavés, hors de tout soupçon de connivence avec les salauds puisqu'on est d'accord sur le fond . Là, avec ce film, non, ; on est dans un autre registre ; on est voyeurs... et si nous étions tous peu ou prou complices de ce système pourri ? ça fait vomir de penser cela, pensons-y pourtant... Bravo à Martin Scorsese de mettre le doigt où ça fait mal avec cet humour ravageur.

Alain
Je me pose (réellement) la question de savoir en quoi il y aurait de la complaisance de la part de Scorsese par rapport à cet univers explicitement masculin (et neuneu) qu’il peint de façon baroque ou rockcoco. C'est une déconstruction véritable (quasi "derridiene", au sens où il le fait de l'intérieur ET de l'extérieur, une maille à l'endroit une maille à l'envers). Son personnage et le monde de filous de la finance sont pour lui un prétexte pour investir le rapport du jeu, de la jouissance, du désir, à la mort et la destruction. Il y a une double jouissance de la part du spectateur masculin : d'une part l'amusement devant les tours de maître de Scorsese, un peu comme pour les caricatures au vitriol des personnages des films des frères Coen. Et une autre jouissance concernant le jeu du personnage Jordan au premier degré. Quoique Scorsese soit plus un spécialiste des rapports de la pulsion de destruction masculine avec le jeu, plus que les Coen, même dans "no country for old man", le tueur certes homme est d'abord une allégorie". Dans "Le loup", le personnage est plus un petit malin qu'une brute épaisse, même s'il est montré lourdingue par exemple quand les flics du FBI l'alignent sur son yacht. Ce qui est dessiné c'est l’individualiste, jouisseur et joueur. En quoi j'y reconnais une partie de notre condition.
Je ne suis pas certain que l’apôtre de la distanciation, Brecht, n'ait pas eu avec ses personnages de capitaliste, de l'empathie ? Et Shakespeare avec les deux Macbeth, le mari et la femme. Bref il y a un fond tragique dans le drame et la comédie de ce wolf minable. Ce n'est pas que de la satire. Idem Molière vis à vis de son Harpagon ou de son malade imaginaire voire de ses précieuses ridicules. Qu'il manque dans le film des personnages féminins aussi débiles et malines à parité c'est un fait. Mais on ne peut pas être au moulin et au fourneau.
Il s'est lâché Scorsese, et nous nous lâchons devant un spectacle lamentable (un tour de force). Peut-être que justement la vision dans le film explicitement critique du wolf trop con, trop imbu, trop tout ce qu'on voudra, est une concession aux valeurs dont on a tous besoin pour que ouf on puisse respirer. Parce que là ça y va fort. C'est ainsi que je peux analyser la séquence de la dernière "baise " avec sa femme. Même elle, sa femme qu'il aime, désire, il va jusqu'à la fucker mais Scorcese permet de retourner la situation, c'est elle qui prend le dessus en mimant le dessous. Une concession ? montre-t-il patte blanche en montrant ainsi le déclin de patte noire ? Sauf que dans le récit et le drame cela a une fonction: montrer justement la fin du wolf, que tout va le lâcher en beauté, au cœur même de son intimité, de ses plus proches dont sa fille fait partie. La décadence de la décadence. C'est là que c'est peut-être baroque. La même situation lorsqu'un enfant, commence à jouer pour finir par tout casser ; on ne sait pas où s'arrête le jeu. Ce que montre de façon formidable Scorcese c'est la part réjouissante et sadienne que nous entretenons avec le jeu et le plaisir.
Il n'y a pas que lui, Chaplin nous en rions parce que son personnage est du bon côté, dénonce l'injustice sociale. Mais il n'en demeure pas moins individualiste et mu par ses intérêts explicitement, comme tout me monde, en quoi nous nous y reconnaissons et nous rions de bon cœur de la part "sadienne" de nous-mêmes. J'ai toujours un peu de mal pour accueillir la violence incroyable d'une très large part des films de Scorsese, mais ce sont peut-être les meilleurs.
La complaisance de Scorcese serait aussi bien qu'il ait dû concéder pour ne pas faire du jouisseur un joker façon Batman. Mais ce n'était pas le sujet. Le méchant dans Batman, peut nous faire rire mais pas nous apitoyer. mais il une fonction joker dans lme récit vis à vis de nous : montrer la part la plus destructrice de notre jouissance. On a la même chose avec le personnage de Hoogie boogie (le fantôme de l'étrange noël de monsieur Jack) qui régne dans les tréfonds obscur et secrets du roayme D'hallowwen sur une espèce de salle de jeu. Le tour génial de Burton a ce moment c'est de montrer que le gentil père Noël est finalement au moins aussi sadique que lui. Dans "Le Loup de wall street" le « méchant » est plutôt montré dans sa connerie en même temps que sa drôlerie. Mais ce que nous renvoie son absence de scrupules, son cynisme, c’est que les victimes n’ont qu’à se démerder et d'abord pour ne pas l’être. Ils les montrent comme des débiles. Et c’est vrai qu’à l’autre bout du fil, ceux qui se font ferrer en tiennent une sacré couche. En aucun cas on ne les trouve sympathique ni on ne s’apitoie (je parle du film pas de la vraie vie). Et je persiste et signe : il est montré aussi de façon sympathique et empathique (contrairement au joker). Encore que l'acteur joue à contre-emploi, dans un rôle plus noir qu'à son habitude, pas loin du maléfique. Je trouve que c'est un énorme avantage de nous le montrer proche de nous. La satire n'en est que plus forte. En quoi ce cinéma a un peu d'universalité au-delà de la dénonciation, idem Chaplin.
Ce ressenti est écrit pendant que Michèle envoyait le sien (donc sans en pris avoir connaissance).

L'air c'est un élément qu'on n'a pas encore investi. En filant la métaphore c'était (plus que la mer) une dimension du "Loup de Wall street". Scorsese a réalisé "Aviator" avec Leonardo di Capprio. Les personnages de Jordan et Howard ont peut-être ce rapport en commun, on se souvient de la façon dont Jordan fait joujou avec son hélicoptère. Jouer à la bourse c'est se jeter dans le vide, à quoi il excelle. Ce qui n'est pas sans lien non plus avec un autre film des frères Coen :" Le grand saut" (Je fais une équation entre le vide et l'air).
Quand Michèle parle du grotesque j'ai vu un lien avec les Coen mais dans un sens différent. Le grotesque ce n'est pas que le moyen de la satire mais un rapport au vide sur le bord duquel se tiennent les personnages. Chez Scorsese ils jouent avec le vide qu'ils ouvrent pour le combler dans un besoin frénétique d'exister (je jouis dons je suis) ; chez les Coen ils font tout mais en vain pour l'esquiver ; (A serious man est rattrapé à la fin par la fin du monde. Mais entrer dans la décadence et jouer avec elle dans "le loup de Wall street" conduit à l’apocalypse la fin du monde créée par Jordan. Le décadent est sur ce seuil de pousser la logique du Monde où s'agite sans doute un autre en creux dont par essence nous ne pouvons avoir les figures. Le décadent serait un voyant (comme Rimbaud). L’apocalypse vue par Scorsese est à la fois triste et réjouissante, articulée sur l'ancien en indiquant un autre monde dés lors que celui vient à sombrer. C'est un point de vue que je dirai "carnassier", comme on le dit d'un rire carnassier. Sombrer est joyeux, c'est ça l'essence de la décadence. En creux dans la satire est contenu un monde à venir ou "fucker" est dérisoire. Jamais dans aucun film ni aucune œuvre ce signifiant de "baiser" n'aura pris une telle force, de cette façon n'aura été retourné. Ce retournement est celui du désir mimétique du fait que Jordan baise le système dont la logique est de baiser l'autre ; de même qu'ils se fait baiser lui-même, et en particulier à la fin par sa propre femme au moment où il croit la baiser. Je le vois comme une crucifixion, au sens d'Henri Miller (en rose) ; ou bien au sens de René Girard qui nous dit que la bonne nouvelle c'est de sortir du processus de victimisation en allant au bout de la logique de ce processus - ce que pratique le christ. Aller au bout c'est la retourner. La retourner c'est en montrer l'absurdité, le non sens. Et le non-sens les Coen y excellent eux aussi.

C'est pour cela que faire une analyse des films de ces réalisateurs en terme de "valeurs " ne me parait pas apte à en faire comprendre le geste et l'art, ce quils nous donnent à voir; pas plus que dans un projet politique ou de transformation de la société, car l’essentiel est bien de prendre acte de la solidarité réelle de tous les éléments et acteurs du système. Et donc de la solidarité des victimes et des bourreaux que Jordan met en lumière. de al solidarité concrète pour en retourner la logique. C'est là il me semble où on est fort.

Non pas que la victime soit coupable mais de fait, à son insu elle est dans une position participante. Je suis désolé mais nous sommes dans notre condition moderne des deux côtés. Çà se discute et je serai content d'en discuter. Raison pour laquelle je proposerai volontiers de voir ou revoir l’un des films du réalisateur iranien Asghar Farhadi "La séparation" ou" le passé" dont c'est la thématique principale .

Ps sur la cigarette électronique et la question des valeurs :
Le phénomène "cigarette électronique participe de ce retournement : il n'a rien à faire dans la proposition de valeur humanistes, il met en lumière simplement le cynisme de l'alliance entre les cigarettiers et l'Etat qui tirent profit du tabac en plus-value d'un côté et taxes de l'autre, et résistent de ce fait à l'introduction de cette cigarette électronique s'ils n'en avait le monopole de nouveau - a lors que la cigrette életronqiue est reconnue maintenant pas les spécialiste comme un dispositif de salubrité communautaire. Car des centaines de milliards sont en jeu, des entreprises cotées à Wall street et des gens qui ont acheté les valeurs pour obtenir une retraite (les fonds de pension) que le système ne leur donne pas ou de façon insuffisante, la boucle est bouclée à laquelle nous ne pouvons que participer d'une façon ou d'une autre. Sauf que là on a le moyen de ne plus y participer. C'est une invention technique, et curieusement un acte politique qui retourne la logique du système, en aucun cas l'invention d'un nouveau monde en terme de valeur, mais plutôt de comment on se dispose individuellement ET collectivement autour de l'addiction. La question politique dans son essence n'est pas un problème de valeur mais de partage. Le partage n'est pas une valeur c'est un fait et un acte. Pas plus que la spiritualité n'est un problème de valeur, c'est la reconnaissance de l'autre dans la réalité concrète qui nous lie dans un ensemble . La spiritualité c'est cette réalité et l’accueil que nous lui réservons.
Ma position n'est pas à inventer des valeurs plutôt qu'à en déconstruire car ce sont elles qui font écran à la solidarité réelle et non de principe.

En résumé  :
1- le phallique dans son rapport à la pulsion de mort est dans une dimension maternelle qui explique le registre burlesque du film - en particulier  la séquence où Jordan et son pote trop dopés ne peuvent presque plus bouger. Le signifiant "fuck" condense ce rapport pour une part.

2- Ce signifiant FUCK  a un envers dans le film mais aussi dans la vie, aussi étonnant qu'on s'en trouve : il  contient une solidarité. Hegel en avait déjà donné une version dans sa dialectique du maître et de l'esclave dont Marx fera ensuite le moteur de l'histoire.  Dans le film on y entre  dans  la solidarité c'est un point de vue différent, elle unit les fuckers et leurs victimes en hors champ qu'on ne voit jamais. Mais les victime n'oint pas d'avantage, elles font pas tourner la machine, mais sont aussi crétines que leurs voleurs qui en comprennent la crétinerie et donc en joue et réciproquement les truands sont aussi crétins que leur victimes, ça va « de pair » c'est une paire, c'est là que nous sortons de la logique de la victimisation (de la logique de l'esclave ?).

D'autre part ces truands sont organisés en bande dans une émulation qui les rend aussi solidaires. C'est essentiel. Même s'ils se font entre eux des coups pendables et peuvent se trahir, voire se voler. Cette émulation est affirmé par exemple quand on pend le serviteur homo par dessus le balcon. C'est une émulation phallique (qu'on soit dans le film homme ou femme) et de caractère hétérosexuel.  Enfin en allant au bout de la logique de "baisage"  de l'autre on rencontre le principe logique qui fait l'émulation au-delà de la bande : la réversibilité. celle-ci met en évidence que le politique ne réside pas dans des valeurs à défendre  mais dans la logique qui lie les parties et elle les lie de façon à être réversible. Ce que je trouve génial chez Scorsese c'est qu'il s’aventure très loin dans des domaines des situations et avec des personnages qui interdirait toute possibilité de réversion. Or c'est là que ça bascule, c'est là sa radicalité. Au plus profond le politique est dans la réversibilité, au-delà même de l'égalité, de la parité ou de la réciprocité. Tu as beau être sur moi -ou le contraire- et y rester et que je concède cette place et me concédè la mienne éternellement, cette disposition n'est possible que parce que la réversion est possible : que ce soit toi qui soit au dessus de moi. Et nous avons toujours besoin de se l'assurer au minimum comme un possible. Même quand il n'y a plus d'autorité explicitement, l'autorité est toujours là. le fait que cela puisse s'échanger, avec le respect de soi. et forcément celui de l'autre qui va avec.  cela est du à une chose simple : la parole. C'est al parole qui nous ouvre à de la réversibilité. Par nature la parole est ce qui offre autorité et parité. elle l'échange. C'est aprr elle que je peux être dessus ou dessous, qu'étant dessous je su forcément un peu dessus et inversement. La parole fait que tout peut s'échanger.

Il possible que ce soit le texte évangélique qui ait porté le plus haut ce principe ou qu'il s'y enracine. Qu'on trouve par exemple dans cet énoncé (mais tout le texte est tendu par ça) "Pardonnez nous nos offenses COMME nous pardonnons  à ceux qui nous ont offensé. Le mal ne réside pas dans le mal qu'on pourrait infliger mais dans la négation du rapport. Cette négation c’est ce qu’on appelle déni du réel. Dans le rapport, l'autre, n'a pas de figure qui le définirait comme un égal ou un semblable, ce peut être un martien ou un loup des steppes aucune importance, ou une belette des bois, une candide de Nantes, ou une "reuf" pas  finie, ou bien toute forme d'existence. Raison pour laquelle  la découverte de  l'animisme japonais du shintoïsme m'a scotché. Car il rend hommage à la présence, aux formes ignorées de la nature à leur dieux inconnus et présents.  

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Elise
Ça me laisse sur un questionnement quant à l'indifférence et l'intolérance : on peut refuser le consensus : mais ça n'implique pas forcément d'être intolérant, ni "brut de décoffrage" (ce qui n'est pas la même chose)... On peut aussi être indifférent : je pense que dans ce cas-là il y a forcément un manque de tolérance mais on ne la fait pas subir aux autres : on refuse juste la communication...
Mais je m'égare...


Alain
J’aime bien cette approche de l'indifférence parce qu'elle contient le monde, ne l'élimine pas. Par elle on peut en percevoir des nuances et des qualités qui ne s'expriment pas dans le bruit, pas qui sont fines, mais qui sont là, à côté de nous. Cela me fait penser à la notion de "neutre" que Roland Barthes a développé avant de se faire renverser par un bus rue des écoles à Paris. Ou bien à l'éloge de la fadeur par les asiatiques que décrit François julien dans son Livre : " la fadeur, c'est certes l'absence de toute saveur marquée (Dans la culture occidentale, on n'apprécie pas ce qui est fade. Par contre, on peut y apprécier le détachement ou la réserve. Mais les Chinois associent à « dàn » (la fadeur) un quatrième sens, celui de disponibilité : celui qui reste « sur sa réserve », qui est « détaché », est en même temps « disponible ». Alors notre intuition s’éclaire : la fadeur, c'est certes l'absence de toute saveur marquée (« le goût de l'eau pure », qui n'est ni salée, ni sucrée, ni acide, ni amère), mais c'est aussi la disponibilité envers chacune de ces saveurs et donc toutes les saveurs à la fois.."

Pierre Zaoui Philosophe à écrit un bouquin " La discrétion" qui me parait recouper cette thématique. On peut l'écouter ici ;
http://www.franceculture.fr/emission-du-jour-au-lendemain-pierre-zaoui-2014-01-02

 

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