Le loup de Wall street
de Martin Scorsese
Avec Leonardo DiCaprio, Jonah Hill, Margot Robbie
Interdit aux moins de 12 ans
Résumé : L’argent. Le pouvoir. Les femmes. La drogue. Les tentations étaient là, à portée de main, et les autorités n’avaient aucune prise. Aux yeux de Jordan et de sa meute, la modestie était devenue complètement inutile. Trop n’était jamais assez…
Commentaires après la séance :
Patricia
Merci pour cette belle soirée pleine de vitalité ; pas le
temps passer
Claude
Pas vu les 3 heures passer. Bien apprécié le décalage
choisi. On ne voit jamais les conséquences que cette forme de vol officiel
qu'est la spéculation, a sur la vie des gens qui perdent leurs économies. Comme
si c'était un jeu virtuel. Ce film, c'est juste la poor life d'un poor trader
sans foi ni loi qui au final, et en ne quittant pas sa ligne de fuck les
autres, s'en tire plutôt bien. Pas même une fin morale: la prison avec de
l'argent, c'est mieux que sans!!. Beau jeu d'acteurs.
Yeh !!! fuck... jeu d'acteurs et de mise en scène. C'est le
mythe de Sysiphe dans le vol, le stupre, la drogue, la psychose du fric pas
chic, c'est un jeu sans fin et sans rédemption, pour ces tristes larrons.
Pas vu passer le temps non plus. A chacun son loup. Mon
choix est fait. Devinez ?
Elise
Un très bon film surement... Et Di Caprio est très bien dans
son rôle... Mais moi, j'ai pas du tout accroché à la réalisation : je suppose
que c'est le réalisateur qui a voulu que tout soit joué avec exagération : et
c'est cela qui m'a gêné... c'était surfait, c'était du "cinéma" mais
simplement du cinéma... J'ai commencé à vibrer avec le héros dans la 2ème
partie : quand il a commencé à avoir des problèmes... Mais malgré cela, je n'ai
pas ressentie beaucoup d'émotions (à part, peut-être, à la vue du ventre rond
de cette femme qui se bat pour préserver sa petite fille)... Ceci dit, moi non
plus, je n'ai pas vu le temps passer : On n'avait pas le temps de dire ouf... Merci,
Alain et Michèle, pour cette découverte, et pour tout le reste...
Dominique
Di Caprio est impressionnant, la réalisation parfaitement
maîtrisée c'est du Scoresse du meilleur cru, tout le film va à un rythme
impressionnant, c'est du cinéma on est captivé tout le long du film...
....merci de nous avoir proposé ce film,
je n'y aurais pas été de ma propre initiative !
Michèle
Scorsese, selon moi, est un réalisateur inégal. Dans ce film
il est assez époustouflant. C'est un américain, il aime ce pays mais il nous
parle tout de même de cette Amérique qui fait croire à ce rêve : chacun y a sa
chance. Mais quelle chance ? Celle de devenir riche, et donc sous-jacent, par
n'importe quel moyen. Ce n'est pas l'Amérique où chacun a sa chance de vivre
libre et non pauvre. C'est l'Amérique laide, impitoyable. Chacun pour soi, le
Dieu dollar pour soi, qu'importe l'autre. C'est la fin du rêve, la fin du pays
des pionniers. La scène où le type du FBI est dans le métro qui regarde les
gens ternes, fatigués et silencieux ; où ce couple de chinois semble écrasé par
la vie, illustre cette désillusion.
Que sont-ils venus chercher dans ce pays ? Sans doute pas de
vivre dans une banlieue moche et de trimer pour quelques sous sans espoir de
revoir la Chine et de sortir de cette condition... Ce film est noir,
profondément triste.
Qui est Jordan finalement ? Un type qui a cru en ce discours
: le rêve américain est à la portée de tous, ceux qui n'y accèdent pas sont des
losers, des gens sans intelligence. Il le prend à bras le corps ce rêve, ayant
compris que le système est pourri. Il n'est pas totalement antipathique, on
pourrait penser que lui aussi est victime du système. Ce n'est pas Scarface ni
Al Capone, c'est juste un type qui veut sa part du gâteau et on lui a inculqué
que plus la part est grosse, mieux c'est. En France, on n'aime pas trop les
très riches, aux USA on les admire, ils sont des exemples; ils étalent leur
réussite. Ici, va dire combien tu gagnes !!!! Les WASP ne sont plus de mise,
vive l'argent vite gagné !
Ce type totalement amoral a une forme de morale et il se
fait tout de même coffrer par trahison de son tout premier partenaire. Mais tout
s'oublie, même pourri, ce type reste un exemple et il apprend comment réussir
avec le coup du stylo... la boucle est bouclée. Qu'importe la chute puisqu'on a
volé ( sans jeu de mot) !
La frénésie est l'illustration de la folie des USA et du
système boursier que, je crois, dénonce Scorsese. Elle est aussi bien réelle,
quand on voit les types de la bourse s'exciter dans les reportages TV, on se
demande à quoi ils tournent et dans quel monde ils vivent. Ils ont entraîné
leur propre chute et, malheureusement, celle de très nombreux citoyens dans de
nombreux pays.
Bon, je n'ai plus le temps de développer. La suite au
prochain épisode après mon rail de bicarbonate !!
Ah si un truc ! J'ai pensé au film " Catch me if you
can" qu'on a passé au restaurant social. Quel acteur ce Léonard !
Ah oui, une petite chose encore : merci à tous ceux qui
apportent la somme exacte, ça nous facilite le travail d'organisation surtout
quand on est nombreux comme hier.
Martine
Alain
Merci Michèle, pour ces lignes délicieuses, et abondantes.
Je recherche "catch me if you can" je ne m'en souviens plus et pour
l'Ange Léonardo, j'ai tout mon temps.
Danielle
Après le Titanic, il joue le naufrage.. naufrage de la vie. Qu'il
est bon Léonard, combien de fois on a envie de lui mettre une claque!!!! Même
ses propres enfants ne peuvent le faire plier vers un genre plus humain.. Argent,
argent sale, pourtant le bicarbonate est un truc de grand-mère pour faire le
nettoyage de printemps.. Film dont je suis sortie fatiguée car très cliché.. Pas
un sage dans le film!!!
Michèle
Danielle, le sage serait l'enquêteur du FBI et la première
femme de Jordan qui a tenté de le réguler notamment au moment où elle reçoit le
bracelet en diamants. Mais peut-on les qualifier de sages ? A mon avis, pas
vraiment ; plutôt de mesurés.
Claudine
Si, un "juste", le seul, c'est l'agent du FBI qui
refuse la corruption! c'est lui notre héros, celui auquel nous pouvons nous
identifier
L’excellente analyse de Michelle me convient presque
entièrement, je dis "presque" car je le juge parfaitement antipathique
le héros de ce film qui ne trouve aucune excuse à mes yeux
l'excès à tous les niveaux, le fric pour seule loi, le
mépris et la cruauté envers les autres, le machisme, la prostitution (même
"haut de gamme", elle reste du domaine de la commercialisation, de la
chosification du corps de la femme utilisée pour le seul plaisir bestial de
l'homme qui se croit le droit de tout acheter) le besoin, la dépendance aux
drogues dont on voit les conduites auxquelles elle conduit , l'absence de tout
sentiment, de tout humanisme ... tout, dans ce film, nous écoeure mais c'est ce
qu'a voulu Scorsese : démontrer où nous mène ce capitalisme sans frein, cette
course effrénée à la fausse puissance que donnerait la domination par le seul
dieu-argent (ou or) et cette leçon est efficace.
Michèle,
Claudine, je suis d'accord avec toi pour ce qui concerne les
excès , la prostitution etc. Dans tous les films où l'on voit des américains
réussir, il y a ce genre d'excès avec les inévitables fiestas dans la piscine
avec des filles nues. C'est très cliché, et ce cliché est très amerloque. Le
gars qui a inventé la magazine "playboy" n'a jamais été considéré
comme un sale macho exploiteur du corps de la femme, il me semble.
Je persiste à penser que Jordan est une victime du système
que dénonce Scorsese est qu'il n'est donc pas totalement antipathique; même si
perso je n'aurais jamais pu être son amie ou amoureuse. Jordan cristallise les
failles du système et l'effondrement du rêve américain..
Claudine
je respecte ton point de vue mais en ai un différent ...
curieuse de lire, ici, ceux d'autres spectateurs de ce film qui, certes, invite
à la discussion ...suis plus entière et premier degré que toi et je ne peux
manifester la plus petite indulgence envers ce "héros" qui se vautre
dans la veulerie, la muflerie et l'irrespect total des autres et de lui-même.
il est une concentration de ce que j'ai combattu toute ma vie, depuis mes
treize ans. J'ai toujours considéré que le fondateur (ainsi que ses successeurs
et tous ceux qui en ont tiré de gros profits) de ce magazine qui
instrumentalise le corps de la femme étaient de vils prédateurs mais j'ai bien
conscience de n'être ni la voix des States, ni celle de la communauté machiste
internationale
Ce film est un sacré exercice d'autodérision américaine où
en fin de compte on ne peut pas dire qu'on jette le bébé avec l'eau du bain. La
séquence de la bagnole est désopilante. Le goût de Scorsese pour le burlesque
est présent dés "Mean street" (1973) avec des personnages "trop
cons" qui attirent de ce fait (par le trop) notre sympathie au minimum
notre rire. L'émotion est là, pas sentimentale. Nous y sommes chaque fois
malmenés. Avec des pointes de mélo : j'aime bien comment Scorsese ramasse la
donne à nous faire croire que la petite fille va y passer dans la voiture,
alors que son père saigne au final (belle métaphore). On ne peut pas se projeter
dans des personnages aussi frapadingues que celui de "Taxi driver",
on retourne la norme comme un gant, montrée la plupart du temps comme un jeu à
la vie.. et donc à la mort (le commentaire off sur la brute épaisse que l'on
remercie d'avoir été en prison en lui offrant des femmes et une nouvelles
fiesta, nous apprend qu'il meurt à 35 ans.
Renvoyer dos à dos le système et ceux qui l'utilisent n'est
pas nouveau. Dans "Orange mécanique" la violence est relayée par tous
les acteurs du système, aussi bien celle du jouisseur, de l'Etat que de la
victime qui se venge par effet "mécanique". La dérision y est plus
critique au sens d'une mise à distance, comme on le faisait dans les années
post 68 de contestation. Se pose la question d’éventuels dégâts collatéraux :
par exemple le viol dans 'Orange mécanique" a traumatisé toute une
génération de spectatrices. Je fais ce détour par Kubrick, pour dire que j'ai
lu un peu sur la controverse en rentrant hier soir après The wolf. Notamment un
article dans "Elle" d'une américaine victime du vrai Jordan Belfort
qui se révoltait contre la vision qu'elle trouve complaisante de Scorsese vis à
vis de ce chien de garde du système qui a mis à bas des milliers de personnes
aux usa, fait des malheureux, des pauvres, des malades non soignés, des
expropriés.
Quand l’œuvre est bonne on rentre dans le paradoxe que
certains peuvent interpréter dans le sens contraire de ce qu'il dénonce. Je ne
passerai pas "Orange mécanique" dans une séance de ciné-débat; en
revanche oui pour "le loup de Wall Streets" parce que le débat s'y
engage, même si j'ai dû m'accrocher pendant la première demi-heure du film pour
sortir de la morale et me laisser aller à ce jeu tragique. Les spoliés de ces
traders sont là en permanence, en creux ( à travers les doigts d'honneur
pointé) ; on peut imaginer qu'eux aussi partagent la même idéologie globale
dont le film est une satire. La preuve en est de ce que le flic dit à Jordan :
que lui n'est pas un fils de riche papa mais qu'il en a choisi le camp, épousé
la logique pour la prolonger jusque dans sa folie, - ce qui à mon avis
caractérise ce cinéma, d'en montrer la folie (l'envers de Blanche neige).
De même le personnage du domestique homosexuel raffiné et au
fond sympathique mais qui organise des partouses (et un vol sans doute)
identiques, quoique homo, dont s'offusquent les maitres hétéros (trop drôle, et
là on voit bien la déconstruction d'un discours dominant de l'hétérosexualité).
De même que ce discours de la "win" qui fait de cette nation de
"roms" de tous les pays des traders potentiels. Et pan ! Prenez ça
dans la tronche ! Cette bande de Pieds Nickelés du peuple qui se mettent à
niveau des élites prédatrice de la nation, belle revanche. D'un côté comme de
l'autre c'est le même jus. Pas un pour rattraper l'autre. La dérision c'est
avant tout celle des personnages sur eux-mêmes. Ils jouent avec ce qu'ils sont.
Le pouvoir est de fait réduit à son jeu, inséparable du jeu. Le pouvoir comme
l'argent est un effet de confiance, de croyance, une comédie, un simulacre.
C'est ça la force du film, de nous faire entrer dans le simulacre, dans un
paradoxe qu'au fond nous connaissons tous pour le vivre. Il n'y a pas de foi
naïve ni de victime innocente. Tout le monde en prend pour son grade.
Indépendance et solidarité; égoïsme et fraternité. Terrible, éprouvant et
simultanément réjouissant.
Est-ce que le réalisateur nous dit autre chose que la
critique généralisée actuelle du capitalisme ? En tout cas il dit que la
critique n'est pas suffisante si on se situe à l'extérieur. L'avantage de Marx
c'est d'avoir décalé le point de vue sur le système du côté de l'exploité, du
prolétariat, comme dans le cinéma de Ken Loach; ici ce serait de le décaler du côté de ceux
qui refusant d'en être les victimes l'utilisent au bout du compte à leurs
dépens. Les deux points de vue ne sont pas antithétiques. Vivre nous tue c'est
clair. A partir de là les choses peuvent changer, se mettre à jouer dans un
autres sens. On peut par exemple participer à l’industrie cinématographique,
produire des chefs d’œuvre et ça rapporte. Réjouissant ce film dans le fait
qu'il nous fait sortir d'un point de vue victimaire. Cela n'interdit pas
l'utopie d'un monde meilleur en creux. L'agent du FBI dans son métro au final a
l'air triste avec une vie sinistre. La grisaille fait raccord avec le personnage
de saint joué par Nicolas Cage dans "A tombeau ouvert". Entre
juste-triste et déjanté-joueur-joyeux-fucker ne peut-on pas trouver une figure plus réjouissante ?
la force de Scorsese c'est de ne rien en dire. L'art de la caricature.
Michèle
En tout cas, tu me coupes l'herbe sous le pied quant au mec
du FBI ; Claudine dit qu'on s'identifie à lui, que c'est un héros.. ben,
désolée mais je ne me suis à aucun moment identifiée à lui et jamais pris pour
un héros. Qui dit qu'il n'est pas complètement malade, coincé, et ne rêve pas
de pouvoir être capable d'être aussi débridé que Jordan, aussi joueur ? Car c'est
ça le nœud du truc pour moi, le jeu, le risque... C'est ça qui est fascinant et
qui le fascine aussi.
Et ce film si noir, si triste est effectivement une grosse
farce, j'avais oublié de préciser que je me suis bien marrée, de concert avec
les spectateurs...Ah oui alors, quelle maestria pour nous balader ! Merci
Martin et ce cher nanard (Léonard di Capprio) qui a heureusement définitivement
perdu son angélisme titanesque !!!
Patricia
Merci pour cette sortie, et merci à toutes et à tous pour
vos commentaires très intéressants et pertinents, qui éclairent ce film bien
noir. Oui c'est l'Amérique, vue de façon pas si caricaturale que ça, mais cette
Amérique-là me laisse un goût amer. Je préfère Omar et son regard noir, pour la
beauté du type et des valeurs qu'il porte.
Alain
Oui c'est bien un naufrage titanique, du bateau, de
l'hélico, de la voiture puis de sa femme, et de ses amis qu’il trahit. L'enfant
qui casse ses jouets n'en a rien à cirer au fond de les conserver, puisque
le jeu qu'il oppose à son père c'est le « toujours plus », de
repousser les limites du système et de le baiser. Mais perdre sa fille c'est
plus dur. Dans la dernière scène d'amour, il devient un looser montré sans
concession dans sa bêtise aussi bien que de façon pathétique. Nous sommes pris
dans une ambivalence à l'égard du personnage. Idem chez Woody Allen dans
"Escroc mais pas trop" avec le personnage du guitariste façon Django
Reinhardt joué par Sean Penn. Le machiste est retourné comme une crêpe. On
pourrait dire qu'il y a un point de vue féministe. C'est sa femme qui le "fucke"
en beauté ; on a vu qu'il aimait bien ça au niveau sexuel une bougie allumée
entre les fesses, et là on sort de sa jouissance par un autre jeu, ah tu veux
jouer et jouir sur le dos des autre, ah tu veux jouer et jouir sans moi,
imposer ton rythme, alors vas-y coco. Mais il faut que le personnage ne
paraisse pas trop antipathique, pour qu'on puisse s'y projeter ou avoir de
l’empathie a minima, sinon ça ne fonctionne pas. Le sentiment de toute-puissance,
le jeu, la séduction, le charisme, la destruction le ravalent au rang de
l'enfant.
Elise
Ouah, mais que deviendrait-on sans les commentaires de
"la sagesse de l'image" !!! Et moi, ça permet d'éclairer mes lumières
sur ce film qui ne va sans doute pas me laisser un souvenir extraordinaire,
mais qui est passionnant à décortiquer finalement...
Martine
j'aime vous lire, et vous relire. Comme toi Michèle j'ai ri
comme une baleine, face aux clichés amerloque... le regard du type du FBI, m'a
fait supposer qu'il aurait fait pire que Jordan, s'il avait choisi un autre
camp que celui des justiciers.
Alain
Alain
Pour Yvonne :
Gainsbourg s'est identifié à sa créature, pas Martin Scorsese. Enfoncer
son regard dans le jeu la réjouissance et de l'autre la pulsion de mort ou la
bêtise c'est l'intérêt : produire du regard, de l'espace là dedans. Intéressant
de voir l'empathie d'un côté et la distance de l'autre qu'il a vis à vis de son
personnage (ô zut c'est reparti :lol ).
Elise, même si tu
l'as utilisée dans un sens plus large je reprends ton expression de
"décortiquer" qui me permet de préciser : En priorité on ne
"décortique" pas le film, on le fait résonner ; ce que nous proposons
c'est de l'interpréter comme les musiciens d'un orchestre le font d'une
partition. On ne pas confond pas la partition, (le génie des significations
objectives du film) et ce qui en sort : son sens, le son que nous lui donnons.
Le sens nous appartient. Si on fait dire au film ce qu'il ne dit pas, dans ce
cas on revient aux significations qu'il a construites ( là on a besoin de
décortiquer).
A l'occasion du film, nos sensations, émotions et pensées
sont fines, fluides, rapides, nombreuses, plurielles, intenses. Nous n'avons
prises sur elles que pour une partie (C'est un iceberg qu'on fait émerger). En
parler permet de les identifier, les faire vivre après coup. Je trouve ça
faramineux, génial. Mais le réel borde notre délire. :)
:) :)
Yvonne
Moi.. je suis un peu tristounette..cela m'a rappelé un peu
cette fameuse scène de télé où Gainsbourg brûlait ses billets devant la caméra.
Mais c'était moins lng. Mais pour une fois j'ai vraiment admiré l'acteur et lui
tire mon chapeau....Suis même restée jusque la fin du film
Claudine
Je persiste et signe ou ... n'ai décidément "rien
compris au film" ???
Comment pourrait-on éprouver une once d'empathie pour ce
type avec un cerveau à trois neurones : le fric, le sexe et la cocaïne ??? il
fédère tout ce qui est haïssable et condamnable dans ce siècle
je ne vois pas ce qui pourrait nous amuser dans un tel
portrait ? Serait-ce devenu "in" que d'aimer les "salauds"
qui n'iraient plus "en enfer" ???
Michèle
Claudine, il est en enfer; il vit en enfer. Ce n'est pas
l'aimer que de rire de lui; il est grotesque. Le grotesque sert à dénoncer
l'intolérable. Mais ce n'est pas lui qu'il faut haïr et punir, c'est le système
: c'est ce monde de la finance, du fric et de la frime, ce monde du factice qui
pervertit. Si Scorsese prend le parti de nous faire rire, c'est afin de nous
permettre de regarder jusqu'au bout, sinon ce serait insupportable. Quel est le
but ? Nous faire aimer cet homme ? Nous faire une leçon de morale ? Non. A mon
avis, la grande force du film, donc du réalisateur, est qu'il nous laisse
libres ; ce n'est pas de la dénonciation moralisatrice. Trop facile ce genre de
dénonciation où on nous donne, au final, bonne conscience; où l'on sort comme
lavés, hors de tout soupçon de connivence avec les salauds puisqu'on est
d'accord sur le fond . Là, avec ce film, non, ; on est dans un autre registre ;
on est voyeurs... et si nous étions tous peu ou prou complices de ce système
pourri ? ça fait vomir de penser cela, pensons-y pourtant... Bravo à Martin
Scorsese de mettre le doigt où ça fait mal avec cet humour ravageur.
Alain
Je me pose (réellement) la question de savoir en quoi il y
aurait de la complaisance de la part de Scorsese par rapport à cet univers
explicitement masculin (et neuneu) qu’il peint de façon baroque ou rockcoco.
C'est une déconstruction véritable (quasi "derridiene", au sens où il
le fait de l'intérieur ET de l'extérieur, une maille à l'endroit une maille à
l'envers). Son personnage et le monde de filous de la finance sont pour lui un
prétexte pour investir le rapport du jeu, de la jouissance, du désir, à la mort
et la destruction. Il y a une double jouissance de la part du spectateur
masculin : d'une part l'amusement devant les tours de maître de Scorsese, un
peu comme pour les caricatures au vitriol des personnages des films des frères
Coen. Et une autre jouissance concernant le jeu du personnage Jordan au premier
degré. Quoique Scorsese soit plus un spécialiste des rapports de la pulsion de
destruction masculine avec le jeu, plus que les Coen, même dans "no
country for old man", le tueur certes homme est d'abord une
allégorie". Dans "Le loup", le personnage est plus un petit
malin qu'une brute épaisse, même s'il est montré lourdingue par exemple quand
les flics du FBI l'alignent sur son yacht. Ce qui est dessiné c'est
l’individualiste, jouisseur et joueur. En quoi j'y reconnais une partie de
notre condition.
Je ne suis pas certain que l’apôtre de la distanciation,
Brecht, n'ait pas eu avec ses personnages de capitaliste, de l'empathie ? Et
Shakespeare avec les deux Macbeth, le mari et la femme. Bref il y a un fond
tragique dans le drame et la comédie de ce wolf minable. Ce n'est pas que de la
satire. Idem Molière vis à vis de son Harpagon ou de son malade imaginaire
voire de ses précieuses ridicules. Qu'il manque dans le film des personnages
féminins aussi débiles et malines à parité c'est un fait. Mais on ne peut pas
être au moulin et au fourneau.
Il s'est lâché Scorsese, et nous nous lâchons devant un
spectacle lamentable (un tour de force). Peut-être que justement la vision dans
le film explicitement critique du wolf trop con, trop imbu, trop tout ce qu'on
voudra, est une concession aux valeurs dont on a tous besoin pour que ouf on
puisse respirer. Parce que là ça y va fort. C'est ainsi que je peux analyser la
séquence de la dernière "baise " avec sa femme. Même elle, sa femme
qu'il aime, désire, il va jusqu'à la fucker mais Scorcese permet de retourner
la situation, c'est elle qui prend le dessus en mimant le dessous. Une
concession ? montre-t-il patte blanche en montrant ainsi le déclin de patte
noire ? Sauf que dans le récit et le drame cela a une fonction: montrer
justement la fin du wolf, que tout va le lâcher en beauté, au cœur même de son
intimité, de ses plus proches dont sa fille fait partie. La décadence de la
décadence. C'est là que c'est peut-être baroque. La même situation lorsqu'un
enfant, commence à jouer pour finir par tout casser ; on ne sait pas où
s'arrête le jeu. Ce que montre de façon formidable Scorcese c'est la part
réjouissante et sadienne que nous entretenons avec le jeu et le plaisir.
Il n'y a pas que lui, Chaplin nous en rions parce que son
personnage est du bon côté, dénonce l'injustice sociale. Mais il n'en demeure
pas moins individualiste et mu par ses intérêts explicitement, comme tout me
monde, en quoi nous nous y reconnaissons et nous rions de bon cœur de la part
"sadienne" de nous-mêmes. J'ai toujours un peu de mal pour accueillir
la violence incroyable d'une très large part des films de Scorsese, mais ce
sont peut-être les meilleurs.
La complaisance de Scorcese serait aussi bien qu'il ait dû
concéder pour ne pas faire du jouisseur un joker façon Batman. Mais ce n'était
pas le sujet. Le méchant dans Batman, peut nous faire rire mais pas nous
apitoyer. mais il une fonction joker dans lme récit vis à vis de nous : montrer
la part la plus destructrice de notre jouissance. On a la même chose avec le
personnage de Hoogie boogie (le fantôme de l'étrange noël de monsieur Jack) qui
régne dans les tréfonds obscur et secrets du roayme D'hallowwen sur une espèce
de salle de jeu. Le tour génial de Burton a ce moment c'est de montrer que le
gentil père Noël est finalement au moins aussi sadique que lui. Dans "Le
Loup de wall street" le « méchant » est plutôt montré dans sa connerie en
même temps que sa drôlerie. Mais ce que nous renvoie son absence de scrupules,
son cynisme, c’est que les victimes n’ont qu’à se démerder et d'abord pour ne
pas l’être. Ils les montrent comme des débiles. Et c’est vrai qu’à l’autre bout
du fil, ceux qui se font ferrer en tiennent une sacré couche. En aucun cas on
ne les trouve sympathique ni on ne s’apitoie (je parle du film pas de la vraie
vie). Et je persiste et signe : il est montré aussi de façon sympathique et
empathique (contrairement au joker). Encore que l'acteur joue à contre-emploi,
dans un rôle plus noir qu'à son habitude, pas loin du maléfique. Je trouve que
c'est un énorme avantage de nous le montrer proche de nous. La satire n'en est
que plus forte. En quoi ce cinéma a un peu d'universalité au-delà de la
dénonciation, idem Chaplin.
Ce ressenti est écrit pendant que Michèle envoyait le sien
(donc sans en pris avoir connaissance).
L'air c'est un élément qu'on n'a pas encore investi. En filant la métaphore c'était (plus que la mer) une dimension du "Loup de Wall street". Scorsese a réalisé "Aviator" avec Leonardo di Capprio. Les personnages de Jordan et Howard ont peut-être ce rapport en commun, on se souvient de la façon dont Jordan fait joujou avec son hélicoptère. Jouer à la bourse c'est se jeter dans le vide, à quoi il excelle. Ce qui n'est pas sans lien non plus avec un autre film des frères Coen :" Le grand saut" (Je fais une équation entre le vide et l'air).
Quand Michèle parle du grotesque j'ai vu un lien avec les Coen mais dans un sens différent. Le grotesque ce n'est pas que le moyen de la satire mais un rapport au vide sur le bord duquel se tiennent les personnages. Chez Scorsese ils jouent avec le vide qu'ils ouvrent pour le combler dans un besoin frénétique d'exister (je jouis dons je suis) ; chez les Coen ils font tout mais en vain pour l'esquiver ; (A serious man est rattrapé à la fin par la fin du monde. Mais entrer dans la décadence et jouer avec elle dans "le loup de Wall street" conduit à l’apocalypse la fin du monde créée par Jordan. Le décadent est sur ce seuil de pousser la logique du Monde où s'agite sans doute un autre en creux dont par essence nous ne pouvons avoir les figures. Le décadent serait un voyant (comme Rimbaud). L’apocalypse vue par Scorsese est à la fois triste et réjouissante, articulée sur l'ancien en indiquant un autre monde dés lors que celui vient à sombrer. C'est un point de vue que je dirai "carnassier", comme on le dit d'un rire carnassier. Sombrer est joyeux, c'est ça l'essence de la décadence. En creux dans la satire est contenu un monde à venir ou "fucker" est dérisoire. Jamais dans aucun film ni aucune œuvre ce signifiant de "baiser" n'aura pris une telle force, de cette façon n'aura été retourné. Ce retournement est celui du désir mimétique du fait que Jordan baise le système dont la logique est de baiser l'autre ; de même qu'ils se fait baiser lui-même, et en particulier à la fin par sa propre femme au moment où il croit la baiser. Je le vois comme une crucifixion, au sens d'Henri Miller (en rose) ; ou bien au sens de René Girard qui nous dit que la bonne nouvelle c'est de sortir du processus de victimisation en allant au bout de la logique de ce processus - ce que pratique le christ. Aller au bout c'est la retourner. La retourner c'est en montrer l'absurdité, le non sens. Et le non-sens les Coen y excellent eux aussi.
C'est pour cela que faire une analyse des films de ces réalisateurs en terme de "valeurs " ne me parait pas apte à en faire comprendre le geste et l'art, ce quils nous donnent à voir; pas plus que dans un projet politique ou de transformation de la société, car l’essentiel est bien de prendre acte de la solidarité réelle de tous les éléments et acteurs du système. Et donc de la solidarité des victimes et des bourreaux que Jordan met en lumière. de al solidarité concrète pour en retourner la logique. C'est là il me semble où on est fort.
Non pas que la victime soit coupable mais de fait, à son insu elle est dans une position participante. Je suis désolé mais nous sommes dans notre condition moderne des deux côtés. Çà se discute et je serai content d'en discuter. Raison pour laquelle je proposerai volontiers de voir ou revoir l’un des films du réalisateur iranien Asghar Farhadi "La séparation" ou" le passé" dont c'est la thématique principale .
Ps sur la cigarette électronique et la question des valeurs :
Le phénomène "cigarette électronique participe de ce retournement : il n'a rien à faire dans la proposition de valeur humanistes, il met en lumière simplement le cynisme de l'alliance entre les cigarettiers et l'Etat qui tirent profit du tabac en plus-value d'un côté et taxes de l'autre, et résistent de ce fait à l'introduction de cette cigarette électronique s'ils n'en avait le monopole de nouveau - a lors que la cigrette életronqiue est reconnue maintenant pas les spécialiste comme un dispositif de salubrité communautaire. Car des centaines de milliards sont en jeu, des entreprises cotées à Wall street et des gens qui ont acheté les valeurs pour obtenir une retraite (les fonds de pension) que le système ne leur donne pas ou de façon insuffisante, la boucle est bouclée à laquelle nous ne pouvons que participer d'une façon ou d'une autre. Sauf que là on a le moyen de ne plus y participer. C'est une invention technique, et curieusement un acte politique qui retourne la logique du système, en aucun cas l'invention d'un nouveau monde en terme de valeur, mais plutôt de comment on se dispose individuellement ET collectivement autour de l'addiction. La question politique dans son essence n'est pas un problème de valeur mais de partage. Le partage n'est pas une valeur c'est un fait et un acte. Pas plus que la spiritualité n'est un problème de valeur, c'est la reconnaissance de l'autre dans la réalité concrète qui nous lie dans un ensemble . La spiritualité c'est cette réalité et l’accueil que nous lui réservons.
Ma position n'est pas à inventer des valeurs plutôt qu'à en déconstruire car ce sont elles qui font écran à la solidarité réelle et non de principe.
En résumé :
1- le phallique dans son rapport à la pulsion de mort est dans une dimension maternelle qui explique le registre burlesque du film - en particulier la séquence où Jordan et son pote trop dopés ne peuvent presque plus bouger. Le signifiant "fuck" condense ce rapport pour une part.
2- Ce signifiant FUCK a un envers dans le film mais aussi dans la vie, aussi étonnant qu'on s'en trouve : il contient une solidarité. Hegel en avait déjà donné une version dans sa dialectique du maître et de l'esclave dont Marx fera ensuite le moteur de l'histoire. Dans le film on y entre dans la solidarité c'est un point de vue différent, elle unit les fuckers et leurs victimes en hors champ qu'on ne voit jamais. Mais les victime n'oint pas d'avantage, elles font pas tourner la machine, mais sont aussi crétines que leurs voleurs qui en comprennent la crétinerie et donc en joue et réciproquement les truands sont aussi crétins que leur victimes, ça va « de pair » c'est une paire, c'est là que nous sortons de la logique de la victimisation (de la logique de l'esclave ?).
D'autre part ces truands sont organisés en bande dans une émulation qui les rend aussi solidaires. C'est essentiel. Même s'ils se font entre eux des coups pendables et peuvent se trahir, voire se voler. Cette émulation est affirmé par exemple quand on pend le serviteur homo par dessus le balcon. C'est une émulation phallique (qu'on soit dans le film homme ou femme) et de caractère hétérosexuel. Enfin en allant au bout de la logique de "baisage" de l'autre on rencontre le principe logique qui fait l'émulation au-delà de la bande : la réversibilité. celle-ci met en évidence que le politique ne réside pas dans des valeurs à défendre mais dans la logique qui lie les parties et elle les lie de façon à être réversible. Ce que je trouve génial chez Scorsese c'est qu'il s’aventure très loin dans des domaines des situations et avec des personnages qui interdirait toute possibilité de réversion. Or c'est là que ça bascule, c'est là sa radicalité. Au plus profond le politique est dans la réversibilité, au-delà même de l'égalité, de la parité ou de la réciprocité. Tu as beau être sur moi -ou le contraire- et y rester et que je concède cette place et me concédè la mienne éternellement, cette disposition n'est possible que parce que la réversion est possible : que ce soit toi qui soit au dessus de moi. Et nous avons toujours besoin de se l'assurer au minimum comme un possible. Même quand il n'y a plus d'autorité explicitement, l'autorité est toujours là. le fait que cela puisse s'échanger, avec le respect de soi. et forcément celui de l'autre qui va avec. cela est du à une chose simple : la parole. C'est al parole qui nous ouvre à de la réversibilité. Par nature la parole est ce qui offre autorité et parité. elle l'échange. C'est aprr elle que je peux être dessus ou dessous, qu'étant dessous je su forcément un peu dessus et inversement. La parole fait que tout peut s'échanger.
Il possible que ce soit le texte évangélique qui ait porté le plus haut ce principe ou qu'il s'y enracine. Qu'on trouve par exemple dans cet énoncé (mais tout le texte est tendu par ça) "Pardonnez nous nos offenses COMME nous pardonnons à ceux qui nous ont offensé. Le mal ne réside pas dans le mal qu'on pourrait infliger mais dans la négation du rapport. Cette négation c’est ce qu’on appelle déni du réel. Dans le rapport, l'autre, n'a pas de figure qui le définirait comme un égal ou un semblable, ce peut être un martien ou un loup des steppes aucune importance, ou une belette des bois, une candide de Nantes, ou une "reuf" pas finie, ou bien toute forme d'existence. Raison pour laquelle la découverte de l'animisme japonais du shintoïsme m'a scotché. Car il rend hommage à la présence, aux formes ignorées de la nature à leur dieux inconnus et présents.
.../...
Alain
L'air c'est un élément qu'on n'a pas encore investi. En filant la métaphore c'était (plus que la mer) une dimension du "Loup de Wall street". Scorsese a réalisé "Aviator" avec Leonardo di Capprio. Les personnages de Jordan et Howard ont peut-être ce rapport en commun, on se souvient de la façon dont Jordan fait joujou avec son hélicoptère. Jouer à la bourse c'est se jeter dans le vide, à quoi il excelle. Ce qui n'est pas sans lien non plus avec un autre film des frères Coen :" Le grand saut" (Je fais une équation entre le vide et l'air).
Quand Michèle parle du grotesque j'ai vu un lien avec les Coen mais dans un sens différent. Le grotesque ce n'est pas que le moyen de la satire mais un rapport au vide sur le bord duquel se tiennent les personnages. Chez Scorsese ils jouent avec le vide qu'ils ouvrent pour le combler dans un besoin frénétique d'exister (je jouis dons je suis) ; chez les Coen ils font tout mais en vain pour l'esquiver ; (A serious man est rattrapé à la fin par la fin du monde. Mais entrer dans la décadence et jouer avec elle dans "le loup de Wall street" conduit à l’apocalypse la fin du monde créée par Jordan. Le décadent est sur ce seuil de pousser la logique du Monde où s'agite sans doute un autre en creux dont par essence nous ne pouvons avoir les figures. Le décadent serait un voyant (comme Rimbaud). L’apocalypse vue par Scorsese est à la fois triste et réjouissante, articulée sur l'ancien en indiquant un autre monde dés lors que celui vient à sombrer. C'est un point de vue que je dirai "carnassier", comme on le dit d'un rire carnassier. Sombrer est joyeux, c'est ça l'essence de la décadence. En creux dans la satire est contenu un monde à venir ou "fucker" est dérisoire. Jamais dans aucun film ni aucune œuvre ce signifiant de "baiser" n'aura pris une telle force, de cette façon n'aura été retourné. Ce retournement est celui du désir mimétique du fait que Jordan baise le système dont la logique est de baiser l'autre ; de même qu'ils se fait baiser lui-même, et en particulier à la fin par sa propre femme au moment où il croit la baiser. Je le vois comme une crucifixion, au sens d'Henri Miller (en rose) ; ou bien au sens de René Girard qui nous dit que la bonne nouvelle c'est de sortir du processus de victimisation en allant au bout de la logique de ce processus - ce que pratique le christ. Aller au bout c'est la retourner. La retourner c'est en montrer l'absurdité, le non sens. Et le non-sens les Coen y excellent eux aussi.
C'est pour cela que faire une analyse des films de ces réalisateurs en terme de "valeurs " ne me parait pas apte à en faire comprendre le geste et l'art, ce quils nous donnent à voir; pas plus que dans un projet politique ou de transformation de la société, car l’essentiel est bien de prendre acte de la solidarité réelle de tous les éléments et acteurs du système. Et donc de la solidarité des victimes et des bourreaux que Jordan met en lumière. de al solidarité concrète pour en retourner la logique. C'est là il me semble où on est fort.
Non pas que la victime soit coupable mais de fait, à son insu elle est dans une position participante. Je suis désolé mais nous sommes dans notre condition moderne des deux côtés. Çà se discute et je serai content d'en discuter. Raison pour laquelle je proposerai volontiers de voir ou revoir l’un des films du réalisateur iranien Asghar Farhadi "La séparation" ou" le passé" dont c'est la thématique principale .
Ps sur la cigarette électronique et la question des valeurs :
Le phénomène "cigarette électronique participe de ce retournement : il n'a rien à faire dans la proposition de valeur humanistes, il met en lumière simplement le cynisme de l'alliance entre les cigarettiers et l'Etat qui tirent profit du tabac en plus-value d'un côté et taxes de l'autre, et résistent de ce fait à l'introduction de cette cigarette électronique s'ils n'en avait le monopole de nouveau - a lors que la cigrette életronqiue est reconnue maintenant pas les spécialiste comme un dispositif de salubrité communautaire. Car des centaines de milliards sont en jeu, des entreprises cotées à Wall street et des gens qui ont acheté les valeurs pour obtenir une retraite (les fonds de pension) que le système ne leur donne pas ou de façon insuffisante, la boucle est bouclée à laquelle nous ne pouvons que participer d'une façon ou d'une autre. Sauf que là on a le moyen de ne plus y participer. C'est une invention technique, et curieusement un acte politique qui retourne la logique du système, en aucun cas l'invention d'un nouveau monde en terme de valeur, mais plutôt de comment on se dispose individuellement ET collectivement autour de l'addiction. La question politique dans son essence n'est pas un problème de valeur mais de partage. Le partage n'est pas une valeur c'est un fait et un acte. Pas plus que la spiritualité n'est un problème de valeur, c'est la reconnaissance de l'autre dans la réalité concrète qui nous lie dans un ensemble . La spiritualité c'est cette réalité et l’accueil que nous lui réservons.
Ma position n'est pas à inventer des valeurs plutôt qu'à en déconstruire car ce sont elles qui font écran à la solidarité réelle et non de principe.
En résumé :
1- le phallique dans son rapport à la pulsion de mort est dans une dimension maternelle qui explique le registre burlesque du film - en particulier la séquence où Jordan et son pote trop dopés ne peuvent presque plus bouger. Le signifiant "fuck" condense ce rapport pour une part.
2- Ce signifiant FUCK a un envers dans le film mais aussi dans la vie, aussi étonnant qu'on s'en trouve : il contient une solidarité. Hegel en avait déjà donné une version dans sa dialectique du maître et de l'esclave dont Marx fera ensuite le moteur de l'histoire. Dans le film on y entre dans la solidarité c'est un point de vue différent, elle unit les fuckers et leurs victimes en hors champ qu'on ne voit jamais. Mais les victime n'oint pas d'avantage, elles font pas tourner la machine, mais sont aussi crétines que leurs voleurs qui en comprennent la crétinerie et donc en joue et réciproquement les truands sont aussi crétins que leur victimes, ça va « de pair » c'est une paire, c'est là que nous sortons de la logique de la victimisation (de la logique de l'esclave ?).
D'autre part ces truands sont organisés en bande dans une émulation qui les rend aussi solidaires. C'est essentiel. Même s'ils se font entre eux des coups pendables et peuvent se trahir, voire se voler. Cette émulation est affirmé par exemple quand on pend le serviteur homo par dessus le balcon. C'est une émulation phallique (qu'on soit dans le film homme ou femme) et de caractère hétérosexuel. Enfin en allant au bout de la logique de "baisage" de l'autre on rencontre le principe logique qui fait l'émulation au-delà de la bande : la réversibilité. celle-ci met en évidence que le politique ne réside pas dans des valeurs à défendre mais dans la logique qui lie les parties et elle les lie de façon à être réversible. Ce que je trouve génial chez Scorsese c'est qu'il s’aventure très loin dans des domaines des situations et avec des personnages qui interdirait toute possibilité de réversion. Or c'est là que ça bascule, c'est là sa radicalité. Au plus profond le politique est dans la réversibilité, au-delà même de l'égalité, de la parité ou de la réciprocité. Tu as beau être sur moi -ou le contraire- et y rester et que je concède cette place et me concédè la mienne éternellement, cette disposition n'est possible que parce que la réversion est possible : que ce soit toi qui soit au dessus de moi. Et nous avons toujours besoin de se l'assurer au minimum comme un possible. Même quand il n'y a plus d'autorité explicitement, l'autorité est toujours là. le fait que cela puisse s'échanger, avec le respect de soi. et forcément celui de l'autre qui va avec. cela est du à une chose simple : la parole. C'est al parole qui nous ouvre à de la réversibilité. Par nature la parole est ce qui offre autorité et parité. elle l'échange. C'est aprr elle que je peux être dessus ou dessous, qu'étant dessous je su forcément un peu dessus et inversement. La parole fait que tout peut s'échanger.
Il possible que ce soit le texte évangélique qui ait porté le plus haut ce principe ou qu'il s'y enracine. Qu'on trouve par exemple dans cet énoncé (mais tout le texte est tendu par ça) "Pardonnez nous nos offenses COMME nous pardonnons à ceux qui nous ont offensé. Le mal ne réside pas dans le mal qu'on pourrait infliger mais dans la négation du rapport. Cette négation c’est ce qu’on appelle déni du réel. Dans le rapport, l'autre, n'a pas de figure qui le définirait comme un égal ou un semblable, ce peut être un martien ou un loup des steppes aucune importance, ou une belette des bois, une candide de Nantes, ou une "reuf" pas finie, ou bien toute forme d'existence. Raison pour laquelle la découverte de l'animisme japonais du shintoïsme m'a scotché. Car il rend hommage à la présence, aux formes ignorées de la nature à leur dieux inconnus et présents.
.../...
Elise
Ça me laisse sur un questionnement quant à l'indifférence et
l'intolérance : on peut refuser le consensus : mais ça n'implique pas forcément
d'être intolérant, ni "brut de décoffrage" (ce qui n'est pas la même
chose)... On peut aussi être indifférent : je pense que dans ce cas-là il y a
forcément un manque de tolérance mais on ne la fait pas subir aux autres : on
refuse juste la communication...
Mais je m'égare...
Alain
J’aime bien cette approche de l'indifférence parce
qu'elle contient le monde, ne l'élimine pas. Par elle on
peut en percevoir des nuances et des qualités qui ne s'expriment pas dans le
bruit, pas qui sont fines, mais qui sont là, à côté de nous. Cela me fait penser
à la notion de "neutre" que Roland Barthes a développé avant de se
faire renverser par un bus rue des écoles à Paris. Ou bien à l'éloge de la
fadeur par les asiatiques que décrit François julien dans son Livre : " la
fadeur, c'est certes l'absence de toute saveur marquée (Dans la culture
occidentale, on n'apprécie pas ce qui est fade. Par contre, on peut y apprécier
le détachement ou la réserve. Mais les Chinois associent à « dàn » (la fadeur)
un quatrième sens, celui de disponibilité : celui qui reste « sur sa réserve »,
qui est « détaché », est en même temps « disponible ». Alors notre intuition
s’éclaire : la fadeur, c'est certes l'absence de toute saveur marquée (« le
goût de l'eau pure », qui n'est ni salée, ni sucrée, ni acide, ni amère), mais
c'est aussi la disponibilité envers chacune de ces saveurs et donc toutes les
saveurs à la fois.."
Pierre Zaoui Philosophe à écrit un bouquin " La
discrétion" qui me parait recouper cette thématique. On peut l'écouter ici
;
http://www.franceculture.fr/emission-du-jour-au-lendemain-pierre-zaoui-2014-01-02
Une bonne critique presse : Presse (Et une bonne critique des spectateurs à égalité )
Tarif : 3,6 pour tous
tarif solidaire 2 euros
Rendez-vous Devant le Katorza ou à l’intérieur si on se gèle les pieds ou s’il pleut.
Avec votre monnaie ça va plus vite.