Jummy's Hall sortie cinéma au Katroza de lundi 7 juillet à 19H50


Nos commentaires après la sortie


Christian
Voilà ce qui aurait pour un peu dominé le monde !
Les peuples en ont eu raison, mais il ne faut
Pas nous chanter victoire, il est encore trop tôt :
Le ventre est encore fécond, d'où a surgi la bête immonde.

Alain
De retour de la mer amère profonde et douce
Enveloppante comme les voix ou les images le sont,
Qui rendent les mots doux à nos oreilles de bêtes.

"Vous, apprenez à voir, plutôt que de rester.
Les yeux ronds. Agissez au lieu de bavarder".

Ce sentiment d'appartenance qu'on voit dans "Jimmy's hall", nous est-il nécessaire pour une reformulation de la communauté - la communauté ouverte à la rumeur de l'été, à l'avenir, tel que le film en construit la métaphore au-delà de la simple allégorie - ce semblant d'allégorie et de message distillé m'a donné mal au cul sur mon siège tout au long de la séance. C'est le trompe-l’œil du film. A la fin les personnages s'agencent dans une composition générale, une harmonie, une finesse. La retenue dans l'allégorie c'est le temps de la ménopause. Mais la métaphore au contraire vient au final comme la lutte et ses aboutissements comme le temps d'un désir reconduit, comme l'inachevé de la colère d'une femme, la révolte d'un peuple, la levée d'un monde joyeux pas que frileux pas que résistant à la connerie.

Faut-il être assez fou pour l'attendre l'aboutissement ? Ou au contraire le voir comme une leçon de sagesse, celle d'un désir dont on crève à le recouvrir sans cesse, comme les animaux le font de leur crottes. C'est pas la peine de décrypter, rien à voir. Une enveloppe, un film comme on le dit d'un film plastique, envoyé dans l'air paisible orangé. Du rêve il y a en eu, le personnage historique de Jimmy - qui a réellement existé, en est l’incarnation.

Le film prétend dans son sous-texte qu'il y en a d'autres personnages de ce gabarit; il suffit d'en prendre le masque et de rentrer dans le bal. Jimmy c'est le contraire de l'homme providentiel (son malaise au moment du discours politique), c'est plutôt un entraineur, celui qui fait rentrer dans la danse. Beau/x personnage/s. Ce film est une leçon de singulier-pluriel. Belle séquence, la plus émouvante peut-être, quand tous ses amis accompagnent le fourgon de police de l'époque pour lui dire au revoir. J'ai aimé l'amitié la camaraderie et la joie. L’insistance du personnage à une amabilité en vérité. Il ne lui suffit pas d'insulter l'ennemi, comme on le voit chez beaucoup de radicaux d’hier et d’aujourd’hui. Non il veut soutenir sa parole jusqu'au bout. Et le prêtre ennemi en reconnait au final dans le film la vertu et la puissance.

C'est pareil que Eric et sa bande de "Looking for Eric" prennent le masque d'Eric, et que Christian (Kloug) prenne celui de Brecht On ne se sait jamais trop qui parle à travers soi et la question du simulacre se pose. Quand je vois les radicaux des bois prendre le discours de Arlette Laguiller ou des maos des années post 68 je me pose des questions. Karl avait réfléchi à ça déjà dans "Le 18 brumaire". Quels habits peut-on prendre, quand on invente une communauté nouvelle ? Je trouve que c'est un signe des temps que cette interrogation devienne acérée. On ne sait plus peindre l'utopie, parce nos couleurs présentes sont encore trop anciennes. Je crois savoir pourquoi. Parce qu'elle ne peut plus être unitaire, sous la forme d'un idéal pré-construit comme l'a été celle du communisme (voire du christianisme social). Son universalité vient d'un partage et du respect de sa pluralité à travers de multiples manifestations de nature et de formes différentes.

C'est ce qui me semble être la vertu reconnu du mouvement Nddl, le rassemblement d'une aussi grande diversité où cela se croise en se séparant et ou cela se sépare en se rassemblant. Pour moi l'un des enjeux c'est de le refuser à une unification. L'autre enjeu étant de faire jouer ces mouvements avec le jeu institutionnel auquel on n'échappera pas (celui de la démocratie et de l'organisation de la société à la papa auquel tout le monde se raccroche car après elle le déluge - avec cette objection tragique qu'il faudrait trancher : "oui mais c'est cette organisation nous mène au déluge alors tournons la page", nous souffle la pulsion de vie arrimée à la pulsion de mort de tous les radicalismes. Le drame collectif se rapproche étrangement de nos drames personnels. Nous avons besoin d'espérances, de lumières, Le film Jimmy's hall en est une, simple, limpide. Ca fait du bien.

Christian
Ben voila, il suffisait d'appuyer sur le bouton...
Pardon pour avoir oublié les guillemets à la citation de Brecht. J'en avais coupé le début "Vous, apprenez à voir...Agissez..." qui est je crois ce que nous dit Ken Loach dans tous ses films, pour n'en garder que le symbole de la bête immonde. J'ai pensé tout au long du film à la République espagnole et à la guerre civile qui l'a suivie, mais aussi à tant d'autres révoltes passées ou d'actualité. Un peuple s'unit à un moment donné pour lutter contre un pouvoir qui l'opprime, puis il se déchire pour la conquête du pouvoir. C'est hélas vieux comme le monde et "Le ventre est encore fécond...".


Elise

Une lumière oui... parce qu'on en est tous capable : on est tous, potentiellement, la petite lumière de quelqu'un, une main tendue...
"La bête immonde" : si j'ai bien compris, c'est le pouvoir : quelqu' il soit... A l'époque de Jimmy c'était l' Eglise (la religion), aujourd'hui ce serait plutôt la consommation à outrance : c'est elle aujourd'hui qui accentue le fossé entre ceux qui ont de l'argent et ceux qui n'en ont pas, qui, insidieusement souvent, nous fait réagir de façon individuelle plutôt que collective...(et moi la première...).
Pour en revenir au film, j'ai été marquée par la séquence à l' église et le sermon du prêtre, plus préoccupé par l'éradication du "Mal" (selon lui) que par son rôle de messager de la parole biblique... Oui, bien sur, Jésus serait tout aussi dérangeant aujourd'hui, qu'il l'était il y a 2000 ans.
Un film beau, par les messages que l'on peut y trouver, mais aussi par le jeu des acteurs : les personnages sont émouvants : je pense notamment à la maman de Jimmy...
Merci...De m'avoir donné envie de le voir...

Martine
J'étais imprégnée par les images du "le vent se lève" de Ken Loach, et du mal à m'en détacher, malgré la vraie "présence" du lumineux Jimmy. Difficile de me détacher, également, d'une scène d'"Out of Africa", quand ils sont seuls dans le "hall" et la femme qu'il aime ("tu seras dans mon cœur, toute ma vie" s'avance vers lui , habillée de la robe qu'il lui a rapportée d'Amérique, après 10 ans d'exil.
De beaux , "seconds" personnages dans ce film, la mère, fermière lettrée qui a transmis le goût du livre, à la population environnante et aux enfants (scène cocasse quand elle offre du thé aux flics qui viennent arrêter Jimmy "vous nous avez fait aimer les livres ", les copains de Jimmy, le vicaire de la paroisse seul à appliquer l’évangile au service des hommes, seul contre une hiérarchie ecclésiale inféodée au pouvoir en place (ce vicaire : augure du christianisme social, des théologiens de la libération défendant les sans-terres en Amérique du Sud, au prix de leur vie ?).
Jimmy aime la Vie, la danse, la musique, dans son hangar prendra naissance un phalanstère où les savoirs s'échangent, se vivent, se DANSENT toute générations confondues, véritable ciment social, et chemin de liberté de penser et d'amour qui lui vaudra un nouvel exil par les Pouvoirs de l'époque (Eglise, IRA, dominants du fric).
Comment oublier Jimmy , il est encore dans mes rêves ce matin, en écoutant du jazz!!! il soulève tant d'espoir, dans tous les domaines : éducatifs, spirituels, humains et pourquoi pas ..;. politique.
Je souris en écoutant Montebourg notre ministre du fric qui a conclu son discours d'hier par "liberté, égalité, fraternité, auquel je rajouterais, créativité" sic ....

Hélène

Ayant écouté "le masque et la plume", j'ai été étonnée d'entendre parler de comédie à propos de ce film- qui m'a beaucoup plu même si certains passages m'ont fait pleurer.
Certes ,on pense à Buster KEATON quand Jimmy échappe aux policiers venue l'arrêter en sortant de chez lui par la fenêtre mais à part ça , je ne vois pas en quoi il s'agirait d'une comédie. J'ai aimé le message : défendre, contre les intégristes de tout poil , le droit qu'à l'être humain de s'amuser en dansant - Dieu, si il existe, n'a certainement pas proscrit la danse !- de s'instruire, de réfléchir ...